NUIT 6

Narcisse

La Déesse se tenait sur les remparts de la ville, le regard lointain, songeur.

Les hommes ne sont que des barbares. La ville tient encore, mais pour combien d'années ?
Troie finira par s'effondrer, et tout cela pour quoi ? Je me le demande encore. Parce que je suis la plus belle de toutes les femmes ? Parce que ma belle-sœur et ma tante sont des femmes jalouses et envieuses ? Ou parce que le cœur des hommes est rongé par la convoitise ?
Je ne le saurais sans doute jamais, moi qui vivrait pourtant éternellement. Une part de cette éternité dans le Styx ne m'effraie pas si c'est le prix à payer pour préserver la beauté et l'amour.
Malheureusement les augures et les Moires sont formels, formels et implacables. Si je quitte ces remparts, la ville est perdue…

Perdue dans son monologue intérieur, son Divin regard fini par être attiré par un homme Troyen apeuré fuyant un guerrier Grec a l'armure étincelante.

Combien d'hommes et de vies devront nous encore gâcher pour contenter la vilenie des Dieux pathétiques que nous sommes ? Je ne puis malheureusement quitter ses remparts pour me porter au secours de ce malheureux.

C'est alors que la Déesse reconnaît le malheureux Troyen dont le fil de la vie n'est qu'à quelques secondes d'être tranché par le glaive du terrifiant Grec qui le précède. Il s'agit d'Enée, son fils.
Son sang ne fait qu'un tour, Elle a cessé de réfléchir, à cet instant précis peu lui importe le sort de Troie quand la vie de son enfant est en danger.
Elle se drape de ses légers voiles vaporeux, bien piètres armes sur un champ de bataille et vole au secours de celui qu'Elle a mis au monde.
Elle arrive juste à temps pour recouvrir Enée d'une nappe de brouillard, l'ôtant ainsi au coup et au regard mortel du Grec. Enée peut ainsi rapidement joindre l'éphémère protection des remparts Troyennes, éphémère car la Déesse en quittée les remparts. Et c'est bien trop tard qu'Elle se rend compte de son erreur. Déjà Zeus se dresse devant elle, implacable et presque désolé :

- Pourquoi as-tu quitté la protection des remparts Aphrodite ? Ignorais-tu les règles que tu as toi même régie ?

- Comment le pourrais-je. Descendre aider mon fils n'était pas une erreur, sa vie m'importe.

- Et celle de tous les Troyens qui vont périr lorsque la ville va tomber ? Parce qu'elle va tomber à présent, tu le sais…

- Je le sais, mais je sais aussi que vous ne me refuserez pas la faveur que je vais vous demander, la dernière avant un long moment.

- Une faveur ?

- Que mon fils Enée survive, qu'il puisse fuir et bâtir une cité magnifique loin d'ici, loin de ce pathétique souvenir, de ce ridicule monument érigé à la gloire de la beauté et de l'amour. Bannissez-moi Père, laissez la Beauté et l'Amour quitter ces hommes et ce monde qui ne les méritent pas.

- Qu'il en soit ainsi mon enfant, pour ton fils et pour ton destin.

A ses mots, Aphrodite, résignée, fit un pas avant, prête à subir le sort qu'elle a vu ses acolytes et ses ennemis subir durant ses folles années de guerre Olympienne. C'est alors qu'elle vit une ombre surgir aux côtés du Dieu des Dieux. D'abord brume imprécises, les contours se font plus distinct. Suffisamment en tout cas pour que le sang de la Déesse se glace dans ses veines !
Hécate vient de surgir auprès de Zeus, la sombre et vieille déesse, l'implacable détentrice du savoir et des pouvoirs oubliés.
C'est trop pour Aphrodite, délicate déesse, oubliant son courage, son orgueil même, elle fait volte-face pour tenter une fuite aussi vaine qu'irraisonnée. En effet, derrière elle viennent de surgir Isis, la déesse arc-en-ciel, messagère d'Héra la vaincue, et Poséidon, le terrifiant ébranleur de la Terre.
Elle n'a aucune chance et elle le sait. Cela ne l'empêche pas de prier désespérément pour la survie de Troie, de son fils, de la Beauté et de l'amour.

Faites que la Guerre de Troie n'est pas lieu !

Mais il est trop tard, la Guerre se termine et grâce au stratagème imaginé par Odysseus, Troie tombe après dix longues années de siège.
C'était inévitable, c'est vrai, après tout, qui écoute les prières d'un Dieu ?

Janabis est mort, il était Aphrodite (loup garou blanc).

Les vainqueurs sont donc :

Gaël, Zeux (l'ancien)

Ysengrain, Hécate (le chasseur)

Naheulbeuk, Isis (simple villageoise)

Solaris, Poséidon (sorcière-tueuse)

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J'aime beaucoup les Chrysanthèmes