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L'histoire

 
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Janabis
Grand Méchant Loup
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Sexe: Sexe:Masculin
Inscrit le: 03 Déc 2006
Messages: 12399
Localisation: Livers-Cazelles (en Occitanie)

MessagePosté le: 03 Mai 2015, 18:00    Sujet du message: L'histoire Répondre en citant

LE FLEUVE DU DESASTRE*
*Récit complet & non-censuré


PARTIE I
- Embarquement -


Le prologue a écrit:
La nuit s'avance tout doucement sur le port.
Le départ est prévu pour demain, dès l'aube ...

Dans sa cabine, le capitaine s'affaire aux dernières vérifications.
Notamment la liste des passagers ...
En souhaitant qu'ils ne lui causent pas trop de soucis ?

Après quoi, il aura bien mérité une petite chopine à la taverne.


Le chapitre un a écrit:
La nuit avait enveloppé les docks d’un noir de jais, accompagnée par une petite brise marine au parfum iodé. Seules les lanternes résistaient faiblement. Chaque marin, chaque étranger, chaque homme adultère ou fille de joie avait déjà regagné la chaleur se son foyer, d’une auberge ou d’un troquet encore ouvert.

_ Vous êtes dur en affaire.
_ Mais vous ne trouverez pas moins cher. Du moins, pas avant deux semaines.
_ Vous savez bien qu’on ne peut pas attendre.

_ & pour la sécurité ?
_ C’est mon affaire, vous n’avez pas à vous inquiéter.

Dans la pénombre de la ruelle, les deux silhouettes se serrèrent la main. Aussitôt, elles se séparèrent, chacune de son côté.

*******


Accoudée au comptoir, une jeune femme laissait son esprit divaguer à toutes sortes de pensées.
Attendait-elle quelqu’un ?
Mis à part un saoulard endormi dans un coin & le tavernier qui astiquait ses verres plus que de raison, la taverne de la Pleine Lune était déserte. Sans prévenir, un homme passa dans le dos de la jeune femme & déposa quelques pièces sur le comptoir.
Sans même le regarder, le gérant les empocha, se pencha sous le comptoir pour en tirer d’étranges pierres qu’il déposa à la place des pièces.
L’inconnu les empocha aussitôt & s’éclipsa, sans un mot, ni un regard.
Intriguée, la jeune femme se retourna, mais l’homme avait disparu.
Elle remarqua toutefois que, contre un mur, une lourde tenture suspendue derrière un pilier bougeait légèrement.
Après un instant de réflexion, elle regarda le tavernier qui détourna aussitôt les yeux.
Elle glissa deux doigts dans sa bourse pour en sortir quelques pièces au hasard &, comme l’inconnu avant elle, elle les posa sur le comptoir.
Le tavernier paru hésiter un instant, mais comme l’instant d’avant, il refit les mêmes gestes.
La jeune fille s’empara des pierres, les examina discrètement & les plaça dans sa bourse.

Sans rien dire, elle se dirigea vers la tenture, la frôla comme si de rien n’était, lui révélant ainsi la présence d’un panneau de bois.
Après s’être assurée que personne ne l’a regardait, elle la fit pivoter sans rencontrer la moindre résistance.
Une fois derrière le panneau, l’endroit où elle avait atterri était plongé dans l’obscurité quasi-totale. Seul un faisceau de lumière provenait de derrière le panneau de bois laissant deviner des marches devant elle.
A tâtons, elle descendit l’escalier en colimaçon.
Au fur & à mesure qu’elle avançait, l’obscurité s’épaississait, mais d’étranges bruits lui parvenaient.
Une fois en bas des marches, une nouvelle tenture lui faisait face. Une fois derrière, un petit couloir débouchait sur un petit vestibule aux multiples tentures. Quelques torches éclairaient faiblement la pièce. Le brouhaha se faisait de plus en plus &, après avoir écarté la moitié des lourds rideaux qui recouvrent les murs, elle se retrouva à l’entrée d’une taverne secrète.

Des hommes qui buvaient, riaient, criaient & s’empoignaient à tour de bras emplissaient la salle, identique à celle du dessus, mais à l’ambiance totalement contrastée.
Au milieu de tout ça, deux serveuses se faisaient chahuter entre deux services de boissons & de ripailles.
Personne n’avait fait attention à l’arrivée de la jeune femme.
Elle pu alors observer face à elle des hommes attroupés autour d’une table sur laquelle deux hommes se faisaient face & s’adonnait à un bras de fer. Celui de droite, un blond à l’allure de bûcheron observait fixement, sûr de lui, l’adversaire à qui il broyait la main. Celui-ci, le visage déformé par l’énergie déployée & la douleur qui le tiraillait, tentait de résister autant que possible pour éviter que sa main ne vienne s’écraser contre la bougie allumée qui l’attendait à sa droite.
Attirée par une clameur sur sa gauche, la jeune fille se détourna du bras de fer & porta son regard vers une porte située dans un coin. Quelques hommes s’y affairaient devant.
Elle remarqua rapidement qu’une cible y était dessinée dessus & que trois couteaux y étaient plantés dedans. Ils comptaient les points & visiblement, l’homme qui avait effectué ces trois lancers était fier de lui.
Elle finit par observer le reste de la salle pour voir sur sa gauche, sur une estrade, quelques tables autour desquelles des petits groupes répétaient d’un ton monocorde une litanie de chiffres, interrompue de temps à autre par des cris de joie ou de lamentation. Elle reconnu le jeu de la Mora auquel elle jouait encore quand elle était plus jeune, il n’y a pas si longtemps.


_ On vient s’adonner à la coutaille ? chuchota une voix derrière son dos.

Surprise, la jeune fille sursauta & porta sa main à la dague qu’elle portait en bandoulière contre sa poitrine. L’homme qui se tenait près d’elle lui saisit la main pour éviter qu’elle ne dégaine.

_ Hé ! Tout doux princesse, fit-il un sourire en coin. On est là pour s’amuser, pas pour se battre.
_ C’est que vous m’avez fait peur.
_ Veuillez me pardonner alors. Pour cela je vous offre une pinte.

Il entraîna alors aussitôt la jeune fille vers deux tabourets abandonnés dans un coin & fit un signe à une des serveuses.
Quelques instants plus tard, une pinte à la main, la jeune fille était rassurée.
L’homme se présenta alors comme étant le capitaine d’un bateau & entreprit machinalement à conter ses nombreuses aventures de marin.
De là où ils trouvaient, ils pouvaient voir un endroit de la taverne qu’elle n’avait pas encore vu & où des hommes, accroupis en cercle, s’époumonaient autour d’un combat de crapauds. On aurait dit des enfants qui jouaient dans une cour.
Quand un groupe de marin se mit à chanter, elle réalisa que l’ambiance ici était vraiment festive & qu’elle s’y sentait très bien.
Allait-elle s’adonner à la coutaille comme lui avait demandé ce capitaine quelques minutes avant ?

*******


La nuit était bien avancée, le capitaine n’avait pas dépensé une seule pierre à jouer, passant la nuit à discuter & négocier avec chaque client de la taverne.
Dans quelques heures, il faudra lever l’ancre. Il avait trouvé ce qu’il était venu chercher, des aventuriers près à embarquer sur son navire pour assurer la sécurité de ses passagers. Il était maintenant temps pour lui de profiter des dernières heures de la nuit pour se reposer.
Instinctivement, il chercha du regard la jeune fille qu’il avait rencontré quelques heures auparavant. Il ne la vit pas & pensa qu’elle était déjà allée se reposer.
Il reposa sa dernière pinte sur la table & se leva, éructant bruyamment de satisfaction.


_ Que personne ne bouge ! hurla une voix.

A ces seuls mots, les réactions furent immédiates.
Certains dégainèrent une épée, un couteau, d’autres empoignèrent leur masse ou un gourdin, quant aux plus démunis, ils se saisirent d’un tabouret ou d’une bouteille.
Les plus craintifs tentèrent de se cacher ou de s’enfuir, mais la seule issue possible était bloquée par cet homme autoritaire accompagné par des hommes armés.
Les joueurs clandestins n’avaient que deux alternatives devant eux.
Se rendre ou se battre.
Un couteau traversa la pièce pour atteindre la gorge d’un homme de la guilde impériale. Un homme avait décidé pour tous les autres.
Le combat s’engagea entre les hommes de la guilde & les clients de la taverne.
Certains joueurs clandestins, moins expérimentés, se rendaient rapidement, si bien que les forces qui s’affrontaient devenaient inéquitables & la guilde impériale neutralisa les derniers frondeurs, non sans mal & sans dégâts.

Une fois le calme plus ou moins revenu, le capitaine, les mains liées, en profita pour interpeller le capitaine de la guilde. Celui-ci s’approcha de lui.


_ Combien vous voulez ?
_ Ce n’est pas à moi d’en décider.
_ Je dois lever l’ancre dans trois heures. Je conduis une famille de riches notables dans le Sud. Des proches de l’Empereur qui pourraient …
_ Tais-toi ! Si je te laisse partir, je n’aurai aucune pitié la prochaine fois.
_ Avec les barbus qui s’approchent de plus en plus de la cité, je ne reviendrai pas de sitôt.
_ Lâche ! fit le capitaine de la guilde en giflant le capitaine du navire.
_ Combien ? demanda la marin sans se laisser décontenancer.


Le chapitre deux a écrit:
Alors que les gens d’armes entraînaient les joueurs clandestins à l’étage, un des clients interpellés, passant à proximité des deux capitaines, releva légèrement le capuchon de sur sa tête & souffla à l’attention du chef de la guilde :

_ Dites votre prix qu’on en finisse.
_ Monsieur !? s’exclama la capitaine de la guilde tout surpris.
_ Lui-même. Alors dites votre prix car j’ai un bateau à prendre demain à l’aube
_ Mais c’est que … je ne vous avais pas reconnu.
_ C’est justement ce que je voulais éviter, alors restez discret & dites votre prix.

Une fois libérés, l’homme au capuchon & le capitaine du bateau partirent dans la même direction.

_ Je comprends mieux pourquoi vos tarifs sont si élevés, quand je vois ce que vous faites de votre argent.
_ Heureusement pour vous, je ne joue pas.

Devant l’entrée de la Pleine Lune, le chef de la guilde impériale regardait la poignée de joueurs clandestins qui avait été relâchée. La contrariété qui le rongeait s’estompa rapidement lorsque sa main se posa sur la bourse pleine qui pendait à son ceinturon.
Un de ses hommes le tira de sa réflexion en lui annonçant qu’ils étaient prêts à y aller.
Reprenant son air autoritaire, il ordonna de se mettre en route.
Jetant un dernier regard à l’autre bout de la rue, il constata que tout le monde avait déjà disparu.

*******


De retour à l’auberge où il séjournait, un jeune homme, grand, fort & blond, s’attarda dans la salle des bains.
Une vilaine entaille sur le haut du bras droit lui soutirait régulièrement des rictus de douleur à chaque fois qu’il tentait de soigner sa plaie. Il passa ainsi un long moment à baigner & soigner sa blessure avant de la bander avec un tissu de fortune. Une fois la douleur apaisée, il regagna sa chambre.

Dans l’obscurité, il écarta le rideau qui faisait office de porte au dortoir où il couchait. Il n’était guère assez riche pour se payer une chambre unique & devait donc partager sa couche avec d’autres voyageurs.
De chaque côté de la pièce, deux longues couches recouvertes de pailles se faisaient face. On pouvait aisément y tenir jusqu’à huit dans chacune, mais en cette saison, aucune auberge ne faisait le plein. Sur la couche de droite, un homme bedonnant dormait à poings fermés, ronflant à en faire vibrer les cloisons. Un peu plus loin, un autre dormait également, mais plus calmement. Sur l’autre couche, tout au fond, sous une des deux fenêtres de la pièce qui laissaient entrer la lueur de la lune, un couple n’avait visiblement pas sommeil. La respiration de la femme s’accordait aux mouvements de l'homme & que l’on pouvait aisément déduire. Ne prêtant aucune attention à l’homme qui venait de s’installer à l’autre bout de la couche, le couple continuait de s’ébattre.

Le jeune homme, étendu sur le dos, fixait sans bien la distinguer une poutre du plafond. Il repensait aux évènements de la nuit.
Quelle chance il avait eu d’avoir accepté la proposition de ce capitaine quelques minutes avant l’arrivée de la guilde impériale. Sans parler de tout cet argent qu’il avait empoché & qui lui avait permis de payer sa libération. Sans cela, qui sait où il serait à l’heure qu’il est ?
Probablement allongé sur une couche toute aussi désagréable, mais enfermé dans une prison. Certainement la tour « inversée » d’ailleurs. Un monument de séquestration & de torture érigé par la guilde impériale, non pas vers le ciel, mais vers les entrailles de la terre. Une prison souterraine que la lumière du soleil n’a jamais atteinte & d’où quasi personne n’est jamais ressorti. Il y a fort à parier que le jeune homme maigrelet à qui il a broyé la main lors d’un de ses nombreux combats au bras de fer doit s’y trouver à l’heure qu’il est.

Il réalisa que le destin était parfois cruel & qu’il pouvait décider en quelques instants du sort des hommes. Lui, qui n’avait ni argent, ni avenir, rêvait maintenant de parcourir le monde sur un bateau & ce les poches pleines de pièces d’or, alors que le malheureux qu’il avait massacré au bras de fer & qui était venu goûter au frisson de l’interdit, loin de sa vie de petit bourgeois, avait non seulement perdu toute sa fortune, mais probablement aussi tout avenir de vie terrestre.
Malgré la fatigue qui le touchait, toute cette réflexion l’empêchait de dormir.

Le couple avait terminé ses affaires & l'homme murmura quelques mots.
Le jeune homme blond se redressa sur ses coudes. A la silhouette qui se dessinait devant la fenêtre, il reconnu le jeune homme auquel il venait de penser. Finalement, il n'est pas si malchanceux. Il aura cédé aux avances de la garce & quitté la taverne avant la descente de la guilde impériale. Grâce à elle, il a échappé au pire. J'espère qu'il saura se montrer généreux avec elle, se dit-il en lui-même.

La jeune femme retint son amant par le bras & celui-ci se recouchant.
Tout était devenu calme. L’homme en face de lui ne ronflait plus, la nuit devenait plus claire, le jour allait bientôt se lever.

*******


L'aube !
Le bateau allait partir d'ici peu.
Le grand blond était fatigué, mais il n'était plus question de dormir ou il raterait invariablement le départ.
Il se leva, enveloppa ses maigres affaires dans un baluchon & alla dans le couloir. Au lieu de partir à droite pour descendre dans la pièce commune, il se dirigea à gauche vers une porte qui donnait sur une coursive dominant la rue.
De là, il aperçu, par-dessus les toitures, le mat du bateau qui devait partir d'un instant à l'autre. Il ne pouvait pas se tromper, c'est le seul bateau de cette taille qui était amarré au port.
Soulagé, il allait regagner le couloir donnant sur les chambres lorsqu'il cru voir des ombres passer plus bas dans la rue. Il se pencha pour vérifier, mais rien. La rue était déserte.

Revenant dans le couloir, quelle ne fut pas sa surprise de voir à l'autre bout, au sommet des marches, les mêmes ombres qui s'avançaient. S'il ne distingua pas le poignard que tenait la première silhouette à la main, la hache du deuxième & la cimeterre du suivant ne laissait rien présager de bon. Un massacre se préparait.
Ni une, ni deux, le jeune homme fit demi-tour & sauta par-dessus la balustrade. La réception approximative réveilla sa douleur qui lui arracha un cri silencieux.
Sans plus attendre, il se mit à courir.


Le chapitre trois a écrit:
Debout sur le quai, le capitaine de la Fleur des Astres faisait les cent pas, tout en mâchouillant un bâton de réglisse.
Il attendait avec impatience l'arrivée d'un de ses passagers, ainsi que celle de deux aventuriers qu'il avait recruté quelques heures plus tôt à la taverne.
Assis sur une bite d'amarrage, un homme, capuchon rabattu sur la tête, attendait plus calmement, fumant tranquillement un cigare.


_ Allons, cessez de tourner en rond comme ça, je ne suis pas encore sur votre rafiot que vous me donnez déjà le mal de mer. Nous ne sommes pas à cinq minutes près quand même.

Le capitaine ne releva pas.
Il fixait les alentours, l'air inquiet, réagissant nerveusement à chaque bruit de volet, chaque tintement de clochette ou aboiement d'un chien & autres feulements de chats errants.
L'homme à ses côtés l'avait bien remarqué, mais il ne comprenait une telle agitation.


_ Puisque je vous dis que mon neveu ne va pas tarder. Le connaissant, il n'est pas prêt d'oublier & il ne manquerait pour rien au monde ce bateau. Il a les dents longues vous savez, seulement, il est jeune & encore influençable. Mais il va arriver.
Quant à vos hommes, je commence à douter de votre compétence en matière de recrutement.
Vraiment, je ne vous comprends pas. On avait dit à l'aube & là il fait encore nuit, ce n'est pas comme s'ils étaient très en retard.

Sans répondre, le capitaine fit un signe au marin posté à l'avant du bateau. Aussitôt, celui-ci descendit sur le quai, frappa les noeuds d'amarrages, remonta sur le pont & releva la passerelle. L'avant du bateau de détacha lentement du quai.
Il disparu alors dans la cale & aussitôt, une rangée de rames plongea dans l'eau, prête à s'animer.


_ Mais qu'est-ce que vous faites ? s'étonna le passager.
_ Regardez les collines.
_ & alors ? Je ne vois rien.
_ Précisément. Ce n'est pas normal.
A cette heure de la nuit, les bergeries à flanc de colline devraient encore avoir leur feu allumé pour tenir les loups & les rapaces à distance des troupeaux. Ils servent aussi aux marins qui naviguent de nuit sur le fleuve. Qu'il en manque un ou deux, passe encore, mais qu'ils soient tous éteints, ce n'est pas normal.
_ Boarf ! Peut-être ont-ils reçu des consignes ou qu'ils ont voulu faire une farce.
_ Êtes-vous du genre à apprécier les blagues "barbues" ?

A ce dernier mot, le passager devint livide.
Il se leva, tremblant, scrutant tout ce qu'il voyait autour de lui d'un nouvel oeil. Tout doucement, il s'avança vers la passerelle qui menait à l'arrière du bateau. Sur le pont, il chercha encore, dans un dernier espoir, à apercevoir son neveu qui n'arrivait pas.
Le capitaine tapa sur les derniers noeuds d'amarrages, monta sur le pont & releva la passerelle.

*******


Des pas de courses se firent entendre dans le couloir.
L'homme se dégagea des bras de la femme qui l'enlaçait, se réveillant en sursaut.


_ Désolé ma belle, mais je dois y aller.
_ Mais je viens avec toi. Le capitaine m'a engagé pour assurer la protection, ta protection ...
_ On se passera de tes services.

A l'autre bout de la chambre, le rideau se déchira.
Des hommes velues pénétrèrent dans la pièce en hurla des cris de guerres. L'homme bedonnant fut égorgé dans son sommeil.


_ Tuez-les tous ! ordonna le jeune amant en direction des guerriers.
_ Avec plaisir, répondit une voix d'outre-tombe.

L'instant d'après, la tête marquée de surprise du jeune homme roula au sol, tranchée par la lame d'un barbu. Un poignard l'avait également transpercé dans son dos.
La jeune femme qui partageait sa couche quelques instants avant se retrouvait à présent nue, debout sur la couche, un poignard ensanglanté dans une main & un tabouret dans l'autre. Face à elle, une poignée d'hommes armés venus pour tuer tout ce qui vivait.
Elle esquiva un premier coup de sabre. Planta son poignard dans le flanc d'un assaillant puis battit en retraite par la fenêtre, sautant dans le vide.
La chute fut rude.
Elle se releva tant bien que mal, mais un barbu atterrit à ses côtés & la lutte repris.
Dévêtue, elle se mit à courir pour tenter de rejoindre le port, mais au coin de la rue, un groupe de barbu lui barrait le passage. Il fallait se battre.
Comme une tigresse, elle empoigna un adversaire, puis un deuxième. Un rondin la frappa alors à l'épaule. D'un revers, elle trancha la gorge d'un autre, mais une douleur vive la prît au flanc. Elle chancela.
Une hache se planta dans le tabouret qu'elle tenait encore à la main, mais un coup la heurta à la tête & elle perdit connaissance ...

*******


Courant à toutes jambes, un grand blond, épée dans une main & baluchon dans l'autre, courait à en perdre haleine en direction du port.
Il se retournait régulièrement, mais ses poursuivants ne voulaient pas se laisser distancer.
Quand il déboucha sur le quai, il aperçu le capitaine qui montait sur son bateau.
En le voyant relever la passerelle, il prit peur, ses jambes faillirent flancher & il hurla de toutes ses forces.
Le capitaine le vit.
La scène aurait pu le faire rire si, derrière lui, il n'avait pas vu deux êtres velus lui courir après, rondin & machette à la main.
Il hurla alors un ordre à l'avant du bateau & très vite, les rames se mirent en mouvement.

Courant de façon désespérée vers le bateau qui quittait le port, lorsqu'il arriva au bord du quai, il jeta toutes ses forces dans un dernier effort pour bondir en direction du bateau. Jetant arme & baluchon en avant & s'agrippant de justesse à un cordage du bateau.
Juste derrière lui, un barbu fit de même. A la différence qu'il fut stoppé net dans son élan par le harpon que tendait le capitaine en sa direction & dans lequel il s'empala sans difficulté, transformant son cri guerrier en un gargouillis inhumain & finissant sa course au fond du fleuve.

Le bateau s'éloignait tout doucement du quai.
Un autre barbu tenta de sauter sur le bateau, mais il était déjà trop loin pour lui & il atterri dans l'eau.
La Fleur des Astres était saine & sauve, hors de porté.
Le capitaine aida le nouveau venu à rejoindre le pont avant d'observer la cité.

*******


Les lueurs du soleil naissaient derrière les collines.
En quelques secondes, la cité s'éveilla.
Des dizaines, puis des centaines de silhouettes velues envahirent la ville. Sur le port, elles brandissaient des armes & hurlaient des insultes à l'attention des marins, mais aussi sur les toits, sur les remparts.
De partout, de nouvelles silhouettes émergeaient à chaque seconde.
De nouveaux cris se firent entendre, de peur & de plaintes, des lumières s'allumèrent, puis d'autres, & la terreur s'abattit sur la cité.

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MessagePosté le: 03 Mai 2015, 18:00    Sujet du message: Répondre en citant

PARTIE II
- La "Fleur des Astres" -


Le chapitre quatre a écrit:
A l'écart, sur le pont, deux passagers assistaient à la scène.

_ Tu l'as vu monter ?
_ Non.
_ Oh mon Dieu !
_ Comme tu dis. Je pensais qu'ils se contentaient juste d'éliminer quelques villageois, pas de faire un génocide.
_ Tu crois qu'il y a une chance pour qu'ils l'épargnent ? Je ne voudrai pas regretter ...
_ Chut !

Le capitaine s'approchait pour les inviter à se joindre aux autres passagers.
Une fois rassemblés, il expliqua la situation, les rassurant quant à leur sécurité, que sur le bateau, ils ne risquaient rien.
Il leur demanda alors de garder le silence & d'observer le massacre qui se déroulait sous leurs yeux jusqu'à ce que la cité, maintenant à feu & à sang, soit hors de vue, afin, dit-il, de garder en mémoire l'horreur qui marquera sans nul doute l'histoire de l'Empire & dont ils sont probablement les seuls témoins.

*******


Durant la matinée, à cause de la fatigue ou de l'émotion, la Fleur des Astres était restée silencieuse. Chacun dormant ou méditant sur la situation.
Sur le coup de midi, la cloche sonna sur le pont arrière. Le repas était prêt. Les rameurs firent une pause, le bateau ralenti.
A l'arrière, les passagers se rassemblèrent autour des tables de la salle commune.
Le capitaine les y rejoint alors que les premiers avaient déjà fini leur écuelle. Il s'assit au milieu de ses passagers, mangeant comme eux, mais en silence.

La triste ambiance à bord du bateau s'estompait tout doucement.
Une recrue du capitaine expliquait les règles d'un jeu auxquels jouaient deux autres hommes à deux passagers.
Le grand garçon blond proposa de montrer sa force en proposant un bras de fer à l'homme au capuchon. Celui-ci refusa poliment, précisant qu'il était persuadé que le colosse qui lui faisait face était sans doute le plus fort d'entre tous.
De son côté, un petit homme bourru & à la barbe épaisse avait entraîné une passagère au fond de la pièce. Il voulait l'initier à l'art du lancer de couteau. Une jeune fille recrutée par le capitaine les observait discrètement.
L'homme ne manquait pas d'artifices pour impressionner sa spectatrice. Lançant tour-à-tour son couteau les yeux fermés, de dos ou du revers, touchant à chaque fois sa cible dessinée sur une poutre.
Il invita la jeune femme à essayer à son tour. Se plaçant derrière elle, lui prenant la main, il lui indiqua les mouvements à faire.
Ensemble, ils lancèrent le couteau.
Au moment où celui-ci allait se ficher dans la poutre, un autre couteau le heurta en plein vol & se ficha à sa place dans la poutre.
Surpris, l'homme se retourna pour voir d'où venait ce second couteau.
La jeune fille qui les observait jusqu'alors s'avançait. Passant devant eux pour aller récupérer son couteau, elle souffla fièrement que c'était un jeu d'enfant.


_ S'il vous plaît ! annonça le capitaine qui venait de finir son repas.
J'aimerai avoir toute votre attention.
Vous êtes à bord de la "Fleur des Astres" & je suis la commandant de ce navire.
Certains d'entre vous on fait appel à mes services pour que je les amène dans le Sud. Ils doivent y être avant la fin de la semaine.
Ils m'ont également demandé d'assurer, durant ce voyage, leur protection.
C'est pourquoi j'ai fait appel à l'autre partie d'entre vous pour mener à bien cette mission.
Messieurs, dames, précisa-t-il à l'attention de ses clients, soyez assurés que j'ai recruté les meilleurs aventuriers de la cité.
Hélas, comme certains le savent peut-être déjà, un membre de la famille qui navigue avec nous n'a pu rejoindre le bateau à temps, ainsi qu'une de mes recrues.
Malgré tout, je vous souhaite un bon voyage à bord de la "Fleur des Astres".


*******


Au milieu de l'après-midi, une fois que tout le monde s'était familiarisé avec les autres passagers & la configuration du bateau, le capitaine emmena ses recrues dans sa cabine.
Là, chacun se vit attribuer une tache particulière selon leur compétence au combat.
Le commandant du navire ne manqua de préciser que si l'un d'eux venait à le décevoir, il n'hésiterait pas à se passer de lui & à l'envoyer aux rames.

Une fois toutes les règles de leur travail expliquées & après avoir répondu aux diverses questions & demandes de précisions, il les entraîna avec lui pour faire le tour du bateau & matérialiser visuellement à chacun leur poste respectif.
Alors qu'ils se trouvaient au centre du bateau, il commença à expliquer pourquoi la partie avant du bateau était inaccessible. Puis il se tue soudainement.

Le navire ralentissait.
A cet endroit, le fleuve rétrécissait & formait comme un entonnoir.
De chaque côté, les rives s'élevaient de façon régulière jusqu'à se rejoindre en hauteur, formant une arche au-dessus du fleuve.
Le capitaine observait justement le sommet de cette arche.
Un capitaine s'inquiéta.


_ Quelque chose ne va pas capitaine ?
_ On va vite le savoir.

Puis, sans donner de raison, il leur ordonna de rejoindre immédiatement leur poste.

*******


Le bateau avançait à faible allure afin de faciliter la manoeuvre & éviter de heurter le fond du fleuve, un rocher ou la paroi de la falaise.
Quelques minutes venaient de s'écouler après que le capitaine ait fait tinter la cloche à l'attention des marins situés à l'avant du bateau.
L'embarcation s'engageait maintenant sous l'arche rocheuse.
Une trompette retentit à son sommet.

Aussitôt, des hommes à la tête velue apparurent sur les deux rives & une pluie de flèches siffla dans le ciel en direction du bateau.
La réponse, moins fournie, ne se fit toutefois pas attendre.
Une deuxième salve transperça le ciel une nouvelle fois & la réponse fut identique.
Le bateau passant à proximité de la paroi, les assaillants s'élancèrent à bord du navire.
Peu nombreux, ils furent bien accueillis, mais d'autres suivirent.

L'avant du navire ayant passé le danger de l'arche, les eaux du fleuves aidant, le bateau repris un peu de vitesse, les rameurs remirent leur instrument à l'eau & se remirent à ramer. Le bateau accéléra d'un coup.
Des assaillants qui tentaient d'aborder sur le pont arrière tombèrent à l'eau.
A l'arrière, les passagers qui ne pouvaient pas ou ne savaient pas se battre s'étaient mis à l'abri, les autres se battaient comme si le destin du monde en dépendait.

L'assaut n'était heureusement pas assez fourni & le combat tourna rapidement en faveur des marins.
Le dernier barbu éliminé, tout le monde respira de soulagement.
Lorsqu'un cri retentit.


Le chapitre cinq a écrit:
Le cri troubla le calme qui avait suivi la bataille.
Ceux qui avaient encore de l’énergie se précipitèrent dans sa direction, les autres reprirent leur souffle avant d’en faire autant.
Au milieu des marches qui menaient à la cale, le corps d’un petit homme brun était étendu sur le ventre. Il se contorsionnait pour essayer t’atteindre le haut de son dos avec son bras gauche. Voyant arriver la jeune fille aux couteaux en haut de l’escalier, il ouvrit la bouche pour l’appeler, mais aucun son ne sortie. Il essaya une nouvelle fois lorsque la fille arriva à sa hauteur, mais l’effort qu’il fit ne fut qu’un déglutit au fond de sa gorge & qui épuisa les dernières forces qui lui restaient. Sa tête tomba & frappa lourdement la marche.
D’autres aventuriers arrivaient, trouvant la jeune fille assise sur les marches, tenant le corps du malheureux dans ses bras. Un couteau entre les omoplates, sa tunique était lacérée en de nombreux endroits & baignait dans le sang. Il avait subi pas moins de sept coups de couteaux.
Au bas de l’escalier, ceux qui n’avaient pas pris part au combat arrivaient à leur tour.
Le capitaine arriva à son tour. Voyant une de ses recrues inanimée, il ragea de voir que les barbus avaient fait une victime.


_ Si je puis me permettre, intervint le jeune homme blond, il me semble qu’aucun barbu n’a réussi à venir jusqu’ici.
_ Je ne pense pas non plus, confirma un membre des passagers qui s’était également battu.
_ Alors comment expliquer ça ? répondit le capitaine en désignant le poignard planté dans le dos du l’homme mort.

Personne ne s’hasarda à répondre, craignant de dire tout haut ce que nombreux pensaient tout bas.

L’incident était dans toutes les pensées, mais personne n’avait le courage d’en parler.
C’est donc en silence que chacun s’activa à remettre le bateau en ordre & à donner un semblant de funérailles marines au défunt.

Plus tard dans l’après-midi, le capitaine fit le tour du bateau pour annoncer qu’ils allaient accoster pour la nuit. L’endroit qu’il avait choisi était une petite île qu’il connaissait très bien pour y avoir fait de nombreuses haltes. Là, le fleuve était très large, permettant de voir venir de loin le moindre bateau, seul moyen d’accéder à l’îlot. En se relayant pour monter la garde, ils y seraient en sécurité.

*******


Une fois sur l’île, l’équipage monta des tentes pour le capitaine, les passagers & les aventuriers chargés de leur protection.
Une fois la besogne accomplie juste avant que le soleil ne s’éclipse, ils retournèrent sur le bateau où, eux, passeraient la nuit.
Pendant le souper, composé de soupe de fèves, de pain & de cailles grillées, le tout arrosé de vin du Sud, le commandant du vaisseau donna ses instructions pour la nuit & annonça qu’ils repartiraient dès l’aube, sur quoi, il les abandonna pour aller se coucher.

Furtivement, quelques minutes plus tard, l’homme au capuchon s’introduit dans sa tente.
Le capitaine ne dormait pas encore, mais ne fut pas surpris de voir son client arriver.


_ Je crois qu’il faut qu’on parle.
_ Je le pense aussi.
_ Au moins nous sommes d’accord. C’est quoi ces truands que vous avez engagés ?
_ Pardon ? C’est plutôt à moi de vous demander à quoi vous jouez vous & votre famille ?!
_ Je ne vous permets pas. Je suis l’héritier du comte Von Nabis !
_ & vous croyez que ça vous donne le droit de négocier avec les barbus ? Un barbu ne connaît pas la négociation. Sachez-le !
_ Mais qu’est-ce ? Nous n’avons rien à voir avec eux, intéressez-vous plutôt à vos recrues avant de vociférer vos propos sur ma famille.
_ Je pense que nous n’arriverons à rien ce soir. La nuit porte conseil, nous en reparlerons demain dans ma cabine si vous le voulez bien.
_ Très bien. Bonne nuit.

& l’homme au capuchon sortit.

*******


Un peu plus loin, sur la pointe surélevée de l’île, deux aventuriers commençaient leur tour de garde.
L’endroit était stratégique, car de cette position rien ne pouvait échapper à un œil averti. Aussi bien l’amont & l’aval du fleuve que le petit campement qui faisait halte un peu plus bas.


_ C’est quand même étrange cette histoire, fit le premier tout en sortant un crapaud d sa besace.
_ A qui le dis-tu ! ... Tu fais quoi avec ce machin ?
_ Max ? C’est mon crapaud de combat. Une vraie machine de guerre.
_ Ben voyons. Ce que je ne comprends pas, reprit le second, c’est que si ce n’est pas un barbu qui a tué … c’était quoi déjà son nom ? Enfin, si ce n’est pas un barbu, c’est qui ? Selon toute logique …
_ C’est un de nous, conclu le premier.

Les deux hommes gardèrent un moment le silence suite à cette conclusion lourde de sens, puis ils évitèrent d’en reparler, préférant continuer la conversation sur des sujets plus classiques.
D’où ils venaient, pourquoi ils étaient là, ce qu’ils aimaient dans la vie, leur avenir & tout autre genre de commentaires que peuvent faire deux inconnus cohabitant durant un court moment de leur existence.
Leur tour de garde passa sans aucun incident.
La relève se fit peu après minuit.
Tout allait bien. Le ciel était clair, la lune était presque pleine.
Une belle nuit en somme.

*******


_ Réveillez-vous monsieur. Réveillez-vous.

Le marin qui commandait à l’avant du bateau était accroupi au-dessus de l’héritier du comte Von Nabis. Il le secouait comme un prunier pour le réveiller, mais même ainsi, il peinait à le sortir de son profond sommeil.
Une fois son but atteint, il lui annonça la nouvelle :
Le capitaine de la « Fleur des Astres » a été assassiné !
S’il n’était pas encore tout à fait réveillé, la nouvelle le réveilla pour de bon.
Se levant d’un bond, il sortit de sa tente, suivi par le marin.
L’équipage était en train de plier les tentes, alors que l’agitation avait gagné bon nombre de passagers & marins.


_ Ecoutez, fit l’homme au capuchon en direction du marin qui le suivait, j’ai payé pour faire ce voyage & je compte bien aller au bout. Si je dois payer encore une fois pour que vous acceptiez de continuer, je le ferai, dites-moi votre prix, mais je dois arriver à bon port. Si vous acceptez, je serai votre capitaine jusque-là. Pour la suite, on en discutera tranquillement une fois toute cette histoire achevée.

Le marin paru hésiter. Son patron venait de se faire assassiner & on lui imposait déjà une lourde décision à prendre.
Ne pouvant faire demi-tour. Ne pouvant rester indéfiniment sur cette île. Il ne restait qu’une seule solution. Si, en plus, il pouvait s’y retrouver financièrement, pourquoi refuser ?
Il accepta.

*******


_ Quelqu'un a disparu, annonça tout essoufflé le grand blond en arrivant à hauteur des deux hommes qui se serraient la main après s'être mis d'accord.

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MessagePosté le: 03 Mai 2015, 18:01    Sujet du message: Répondre en citant

PARTIE III
- Le fleuve du désastre -


Le chapitre six a écrit:
Trois recrues du capitaine faisait le tour de l’île à la recherche d’indices pouvant remonter jusqu’à l’assassin de leur patron, mais aussi pour tenter de retrouver la jeune fille aux couteaux qui avait également disparu.
De l’endroit où ils avaient retrouvé le corps du capitaine, ils longèrent la rive en remontant le courant. Visiblement, d’après les marques laissées sur le sol, le corps avait été traîné dans l’herbe fraîche, mais elles se perdaient dans le sable & l’eau avait effacé toute trace.
Soit il avait été assassiné là & alors il était vain de chercher quoi que ce soit, soit il fallait trouver de nouvelles traces un peu plus loin.
Arrivés à la pointe de l’îlot, à l’exact opposé du point de garde où ils avaient passé une partie de leur nuit, l’un d’eux tomba par hasard sur un poignard qui était presque enterré.


_ Ce ne serait pas le poignard …
_ Si ! s’extasia un grand homme blond, flanqué d’un arc & de son carquois. Je le reconnais.
_ Alors c’est qu’elle est venue ici cette nuit.
_ & ici, il y a des traces qui indiquent qu’elle n’était pas seule, regardez, fit le troisième à quelques pas de là.

Les deux autres s’approchèrent pour examiner à leur tour le sol.
Ils étaient tombé d’accord pour dire que la jeune fille & le capitaine s’étaient retrouvé ici, mais que s’est-il passé ensuite ? Est-ce qu’ils sont morts tous les deux assassinés par une tierce personne, elle disparue dans les méandres du fleuve & lui traîné un peu plus loin sur la rive ? Ou est-ce elle qui a assassiné le capitaine avant de s’enfuir ?
A la nage, ce serait du suicide. La côte est bien trop loin & même si elle y parvenait, il n’y a que de la forêt sauvage à perte de vue, avec tous les dangers que cela comprend. Elle aurait également pu s’enfuir en barque de sauvetage. Il faudrait vérifier s’il n’en manque pas une sur le bateau, mais comment aurait-elle pu voler une barque sans se faire repérer ? La solution la plus plausible à leurs yeux était celle d’un complice. Il les aurait suivit en bateau & attendu la nuit pour accoster ici & rejoindre la belle, assassinant le capitaine & s’enfuyant avec sa complice. Mais là encore, ils n’étaient pas totalement satisfaits. Ceux qui montaient la garde l’auraient vu arriver cette embarcation, surtout si elle était arrivée du Sud & si elle les avait suivi, ne l’auraient-ils pas remarqué ? Cela voudrait dire qu’ils auraient échappé au massacre de la cité, mais aussi à l’embuscade de l’arche ?
Vraiment, ils n’arrivaient pas à s’accorder sur une solution vraiment concluante & ils retournèrent au bateau avec l’idée qu’il pourrait y avoir un assassin à bord & que la jeune fille, s’ils ne l’avaient pas retrouvé, avait été emporté par le fleuve.

*******


Au même moment, le second du capitaine, qui commandait jusqu’à présent à l’avant du bateau sous les ordres du capitaine, revint vers l’homme au capuchon.
Il était visiblement contrarié.
Mais il n’y alla pas par quatre chemins.


_ Les hommes refusent de ramer sous les ordres d’un inconnu, qui n’est pas marin de surcroît.
_ Comment ça ? Mais qui leur a demandé leur avis ? Il faut que j’arrive avant la fin de la semaine à bon port. Il faut qu’ils rament !
_ J’ai bien peur qu’ils refusent. Même sous la menace. Ils préfèreront mourir en marin plutôt que d’être dirigés pas un bureaucrate.
_ Mais … savent-ils qui je suis ? Si c’est une question de prix, ce n’est pas un problème.


*******


Les autres passagers, comprenant qu’il y avait un souci, se mêlèrent à la conversation, mais c’était le statu quo. Chacun campant sur ses positions, ils étaient bloqués sur cette île.

Les trois aventuriers arrivèrent à leur tour.
Ils donnèrent leurs conclusions, mais la seule supposition qu’un assassin puisse se trouver parmi eux sembla débloquer la situation.
Les recrues du défunt capitaine s’allièrent aux marins & proposèrent d’abandonner la famille de voyageurs sur l’île. Après tout, c’était bien de leur faute s’ils se retrouvaient tous coincés ici.
L’homme au capuchon n’en croyait pas ses oreilles & proposa d’en discuter plus posément autour du repas.

*******


_ Ecoutez, fit l’homme au capuchon en se servant un morceau de lapin grillé, j’ai une proposition qui devrait pouvoir contenter tout le monde.

La tablée attendit la proposition avec curiosité.

_ Voilà. Comme certains le savent peut-être déjà, je suis un descendant du comte Von Nabis qui vient de nous quitter récemment. Je suis, selon toute logique, son premier héritier & afin de toucher ce qui me revient de droit, la loi m’oblige à me présenter dans les 7 jours qui suivent un décès. C’est pourquoi je dois me rendre au plus vite dans le Sud afin de prendre connaissance de l’héritage que je dois toucher. Mais soyez assurés qu’on parle d’une grosse fortune !
_ Hélà ! protesta une voix féminine. Qui te dit que tu seras le seul héritier ? Je suis ta sœur & à ce titre, j’ai droit à une part aussi égale que la tienne, si ce n’est plus, car on sait bien en quelle estime il te tenait le vieux bougre & ne compte pas sur moi pour céder une seule pièce de mon héritage, même de cuivre, à ces sauvages.
_ Allons, tu sais bien qu’il était plus que riche & que même si je ne reçois qu’un dixième de sa fortune, ce serait amplement suffisant pour acheter dix bateaux comme celui-ci !
_ Si tu hérites …


*******


Le repas fini, les discussions en étaient toujours au point mort.
Ce n’est qu’au bout d’une heure qu’un semblant d’accord commençait à voir le jour.
Les marins refusaient toujours de laisser l’homme au capuchon monter à bord à mois que ce dernier cède à la proposition que ce soit le second du capitaine qui devienne à son tour capitaine de la « Fleur des Astres ».
Ce point acquis, la transaction financière s’engagea.

Lorsque tout fut négocié, le jour déclinait.
Le voyage irait à son terme avec tout le monde à son bord.


_ Tout le monde à bord ! annonça l’homme au capuchon. On naviguera de nuit !
_ Si ça ne vous fait rien, intervint le marin, c’est moi le capitaine, c’est donc moi qui décide. Mais vous avez raison. Si nous voulons être payés, il faut que vous touchiez votre héritage & nous avons perdu assez de temps. Nous dormirons donc à bord du bateau, mais nous naviguerons à vue. Nous n’irons pas très vite, mais on rattrapera un peu de notre retard.


Le chapitre sept a écrit:
A la poupe du bateau, une jeune fille laissait vagabonder son regard sur les eaux du fleuve que le passage du navire avait perturbé.
Absente, elle se laissait tout doucement submerger par l’émotion que provoquaient en elle ses pensées. Des pensées mêlées de joie, de tristesse & de nostalgie.

Ce frère qu’elle ne reverra probablement plus jamais. Cette cité dévastée. Son pays qu’elle a quitté. Ce parent lointain qu’elle n’a jamais connu & de qui elle héritera peut-être une fortune. Ses propres parents la désespéraient même, surtout depuis que cette histoire d’héritage était venue alimenter encore un peu plus les raisons de leurs disputes incessantes. Ces meurtres qui la terrorisent alors qu’elle est prisonnière de ce bateau. Pourtant, le monde lui ouvrait les bras. Ce monde magnifique qu’elle découvrait depuis qu’elle avait quitté sa maison il y a quelques jours de ça. Elle était jeune, belle & avait tout pour réussir, alors pourquoi ce mal-être ?
Elle laissa couler une larme le long de sa joue qui alla rejoindre des milliers d’autres larmes perdues dans le fleuve du désastre. D’autres larmes suivirent, formant bientôt un torrent de larmes intarissable.

Derrière elle, un homme s’approcha. Il signala sa présence par un léger toussotement, mais malgré cela, la jeune fille sursauta.
Machinalement, elle tenta de masquer ses larmes en se frottant les yeux & en reniflant à qui mieux-mieux. Effort bien inutile, même dans l’obscurité, tant sa peine semblait immense.
La peur passée, le jeune homme la rassura en précisant que s’il avait été recruté, c’était pour assurer sa sécurité & non pas le contraire, ce qui eu pour effet de lui arracher un léger sourire.
Il lui demanda alors, de façon un peu empruntée, si quelque chose n’allait pas. Comme elle détournait le regard, il hasarda une raison.


_ J’ai cru comprendre qu’un membre de votre famille n’avait pas pu embarquer, hier. Est-ce là la raison de votre chagrin ?
_ Mon frère, finit-elle par confirmer entre deux sanglots.
_ Je suis désolé, fi-il en posant une main consolatrice sur son épaule. Ma sœur aussi aurait du nous rejoindre, mais ...

Perdant toute réserve, elle se laissa aller dans les bras réconfortants de l’homme qui lui faisait face & qu’elle ne connaissait pourtant qu’à peine, pleurant à chaudes larmes & sans retenues sur sa tunique.

*******


Dans leur cabine, les parents de la plus jeune héritière du comte Von Nabis s’apprêtaient à se coucher.
Lui, un homme bien portant & au visage rubicond, entrevoyait déjà les fées des songes.
Elle, une ravissante femme encore bien conservée pour son âge & à l’ambition toujours aussi démesurée, ruminait en tournant autour de la couche.


_ Vraiment, je ne te comprends pas, reprochait-elle à son mari. Quand vas-tu te mettre à agir comme un homme ? Si je t’ai épousé, c’est parce que je croyais en toi, que tu avais tout pour devenir un grand homme riche & influant de l’Empire. Au lieu de quoi, tu te contentes juste du minimum vital pour satisfaire tes besoins primaire. Mais moi, ta femme, tu y as pensé à moi ? A mes besoins ? L’occasion de me prouver que tu es un homme est là, devant toi. Il faut juste que tu t’en donnes la peine. Mon crétin de frère ne vaut pas mieux que toi que je sache. Un effort minime suffirait à l’écarter de l’héritage & à nous la fortune. Dis … Tu écoutes ce que je te dis ?

Mais l’homme allongé sur la couche s’était déjà endormi, suivant les ravissantes fées des songes dans des décors féériques, lui offrant des douceurs sucrées qu’il dévorait avec grand plaisir & gourmandise, son pêché mignon.

*******


Le grand homme blond remontait les marches qui menaient des cabines au pont arrière, surprenant son camarade, qu’il reconnu aisément au carquois & à l’arc qu’il portait en bandoulière, serrant une jeune fille dans ses bras. Il n’eut aucun mal à deviner de qui il s’agissait &, afin de cacher la contrariété qui le gagnait, il signala sa présence en les interpellant joyeusement & bruyamment.
La jeune fille se détourna aussitôt de l’homme auprès duquel elle avait trouvé refuge.


_ Ecoutez, fit l’homme au capuchon en se servant un morceau de lapin grillé, j’ai une proposition qui devrait pouvoir contenter tout le monde.

La tablée attendit la proposition avec curiosité.

_ Ah ! Vous voilà enfin ! Faites attention jeune fille, cet homme est un bourreau des cœurs, fit-il en éclatant de rire.

Voyant que son assistance n’était pas d’humeur à rire, il reprit sur un ton plus sérieux, tout en dégrafant sa tunique pour libérer son épaule.

_ Votre mère m’a dit que vous aviez quelques dons de guérisseuse. C’est vrai ?
_ Oh ! fit-elle gênée, ce ne sont pas des dons, juste quelques notions médicales, rien de plus.
_ Ne soyez pas si modeste. Regardez plutôt ceci, fit-il en lui montrant sa blessure. C’est de plus en plus douloureux & ça ne cesse d’enfler. Je ne suis pas douillet, sachez-le, mais ce serait bête de le laisser s'infecter & de perdre ensuite un bras pour une bêtise …
_ C’est sûr, mais c’est ce qui risque d’arriver si tu veux qu’elle t’ausculte ici dans la pénombre & sans matériel, intervint l’archer. Tu n’as qu’à l’attendre dans la salle commune si tu veux, c’est la pièce la mieux éclairée, fit-il tout ne le raccompagnant vers l’escalier.
_ Si tu crois que je vais te la laisser sans rien faire, murmura l’homme blond à l’attention de l’homme qui le raccompagnait, tu te fourres le doigt dans l’œil … & bien profond !

Il salua alors d’un geste la jeune fille qui était restée près de la balustrade & descendit les marches quatre à quatre.
Revenu auprès de la jeune fille, les mots manquèrent & une étrange gêne s’était installée. Ils restèrent un moment là, accoudés à la rambarde, contemplant la nuit, sans rien dire & ne sachant que faire.
Une étoile filante transperça le ciel.
La jeune future héritière profita de ce signe pour mettre un terme à ce moment sous un heureux présage.
Après avoir chaleureusement remercié celui qui avait été si prévenant avec elle, elle regagna le pont inférieur.

*******


Pour la première fois depuis qu’ils avaient quitté le port de la cité impériale, les passagers purent profiter pleinement de leur nuit. Il n’y eu guère que, au milieu de la nuit, l’homme au capuchon qui s’était réveillé en sursaut après avoir entendu un bruit qu’il n’avait pas réussi à identifier & qui s’était alors aussitôt rendormi, tout pressé de retourner à ses rêves.
Quelques passagers étaient si fatigués qu’à midi, lorsque la cloche annonça le repas, certains dormaient encore.
Le repas commença sans eux.
Alors qu’il dévorait goulûment un morceau de pintade, l’homme au ventre rebondit se fit interpeller par sa femme.


_ & si tu allais chercher ta fille au lieu de te donner en public ? Ce n’est pas parce que nous ne sommes plus chez nous qu’elle doit se laisser aller à oublier les bonnes manières.

De mauvaise grâce, l’homme laissa dans son assiette le reste de pintade & se leva, obéissant à l’injonction de sa femme.

Une poignée de minutes plus tard, il revint, le visage blême.
Seul ...


Le chapitre huit a écrit:
Toute la tablée avait les yeux rivés sur l’homme planté devant eux. Les bras ballants, la bouche ouverte & les yeux perdus dans le vide, il ressemblait à un pantin inanimé.
On n’entendait plus que les cris des mouettes & le bois du navire qui craquait au rythme du remous des eaux du fleuve.
C’est sa femme qui brisa le silence en se levant & jurant ses grands dieux que c’était impossible.
Tout en se dirigeant vers l’encablure de la sortie où se tenait encore son mari, elle vociféra des insultes, des jurons & des menaces envers chacun des passagers présents qu’elle toisa un à un.
Puis elle partit en direction de la cabine de sa fille.

Une fois l’orage passé, les réactions fusèrent tel le bouchon d’une bouteille de Champagne que l’on aurait secoué sans ménagement. Chacun s’exprimant sans vraiment porter attention à ce que disait son voisin. Des propos sarcastiques, colériques, défaitistes, nerveux, incrédules, … tout se mélangeait en un mélodieux brouhaha.
L’homme au capuchon se leva & se dirigea vers son beau-frère.
Il le prit par l’épaule & s’enquit de connaître les détails. Savoir si l’inimaginable était bien arrivé & s’il n’y avait vraiment plus rien à faire.
Péniblement, il l’accompagna à sa place, lui servit une coupe de vin qu’il bu machinalement.
Fixant son reste de pintade, il hoqueta une fois, puis deux, avant de déglutir dans son assiette.
On s’empressa alors de le raccompagner dans sa cabine pour se reposer.

*******


Le nouveau capitaine de la « Fleur des Astres » arriva dans la cabine de la jeune fille, suivit de près par le jeune homme blond & l’archer.
La mère de la victime était beaucoup plus calme qu’en quitta la salle commune. Bien plus calme. Droite, les bras croisés, les yeux plissés & les dents serrées, elle fixait le corps de sa fille étendue sur sa couche. Le bras droit pendant dans le vide, les yeux révulsés & de l’écume mêlée de sang sortant de sa bouche, il était impensable de croire que sa mort fût douce.
En les voyant arriver, la dame leur parla froidement.


_ Je veux qu’on m’amène le galérien qui a fait ça.
_ Mais … il est strictement impossible aux rameurs d’accéder à cette partie du bateau, objecta le capitaine. A moins de posséder une clef pour ouvrir les deux portes du corridor qui relie les deux parties de la nef & la seule clef qui existe est là, fit-il en dégrafant sa tunique & révélant une lourde clef d’argent pendu par un lacet autour de son cou.
_ Elle a été empoisonnée, constata l’archer après s’être penché au-dessus du corps de la victime.
_ Qu’en savez-vous ? C’est vous qui l’avez tué ? Voilà qui est bien aimable à vous de l’avouer. Je veux qu’on enchaine ces hommes supposés nous protéger & qu’on les envoie ramer, répondit-elle en désignant les deux aventuriers présents dans la pièce.
_ Quoi ? réagirent-ils en choeur.
_ Mais vous êtes malade ! Je vous rappelle que ma sœur aussi est morte. Vous croyez vraiment que j’aurai tué ma propre sœur ?
_ & vous, vous pensez peut-être que notre famille a pour tradition de s’entretuer ? Si ce n’est vous, qui est-ce ? Un assassin qui se cache sur le bateau ? Très bien, fouillons le bateau !

Le ton était si autoritaire qu’il était difficile de s’opposer à sa requête.
Quelques instants plus tard, tout le monde s’activait à fouiller dans les moindres recoins de la partie arrière du bateau.

*******


_ Je ne comprends pas, fit un aventurier portant son casque à panache sur la tête & son épée au fourreau, ne s’en séparant plus depuis la mort du capitaine. Si l’assassin est l’un de nous, pourquoi ne l’a-t-on pas arrêté ?
_ Parce que tu sais qui sait, toi ?
_ Hé bien, je me dis. La nuit dernière sur l’île, tu te souviens qu’on a commencé ensemble la nuit de garde ? Tu te rappelles aussi qui nous a relevé & donc qui devait finir le troisième tour ?
_ Oui, bien sûr …
_ Alors maintenant, comment expliques-tu que elle ait disparu & pas lui ? S’il n’a rien vu à ton avis, c’est pourquoi ?
_ Mais c’est du délire !
_ Je ne te le fais pas dire, mais je peux t’assurer qu’en ce moment on perd notre temps à mettre se foutu bateau sans dessus-dessous pendant que lui doit bien se marrer.

Ce disant, il débarrassa une petite table de ses deux coupes qu’il jeta dans un bac à eau & ils sortirent de la pièce où il se trouvait.

*******


Dans la cabine qui servait de dortoir aux aventuriers, l’archer était en train de fouiller les couches. Le grand blond entra au moment ou le rouquin s’attaquait à la sienne.
Il le rejoint rapidement, le stoppant dans son entreprise.


_ Si un assassin s’était caché dans ma couche, crois bien que je l’aurai remarqué, fit-il en lui retenant le bras.
_ Tu n’as pas d’autres chats à fouetter ?
_ J’ai fouillé partout, les autres aussi, on a rien trouvé, alors laisse tomber. C’est un des passagers qui a fait le coup.
_ Je sais … & toi, tu as fait quoi avec elle, hier soir ? lâcha-t-il en fixant les yeux bleus de l’homme blond qui lui faisait face.
_ Elle n’est pas venue … & si tu crois que c’est moi qui l’ait tué, j’aurai attendu qu’elle me soigne avant, répondit-il en posant sa main sur son épaule. Je ne suis pas stupide.


*******


L’après-midi passa.
Les recherches s’étaient avérées infructueuses.
Il fallait se rendre à l’évidence, l’assassin était bel & bien l’un d’entre eux. Si nombreux refusaient de le croire jusqu’à présent, à ce moment précis, ils en étaient tous persuadés.
Comme la cloche sonnant le repas avait résonné depuis quelques minutes, le capitaine arriva dans la salle commune en retard, trouvant les passagers déjà attablés.
Tout en prenant place en bout de table, emplacement traditionnellement réservé au maître du navire, il entreprit d’exposer ses réflexions.
Il avait résumé la situation & envisageait de proposer un changement de programme pour la suite du voyage quand il fut interrompu par l’homme au capuchon.


_ Mais attendez ! Il manque ...
_ ... Le rouquin ! conclu l’homme au crapaud.

Tous se toisèrent. Incrédules.
Quelqu’un avança qu’il n’avait probablement pas entendu la cloche & qu’il devait encore vaquer à une quelconque occupation ou que, ne se sentant pas bien, il était alité sur sa couche. Mais le grand blond le coupa aussitôt, expliquant qu’il n’y avait plus personne quand il était sorti du dortoir juste avant de venir ici.
La situation n’aurait rien eu d’étrange en temps normal.
Mais ces derniers temps, plus rien n’était normal.
Tout le monde savait pertinemment que quelque chose s’était produit & ils se mirent aussitôt à sa recherche.
Il ne fallut pas longtemps avant qu’on ne le retrouve.
Enchevêtré dans des cordages, son corps était noyé & traîné dans les eaux du fleuve. Si une des cordes n’avait pas été nouée à un poteau, l’archer à la chevelure rousse girait déjà dans les profondeurs du fleuve.
On le remonta à bord, mais il n’y avait plus rien à faire.

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MessagePosté le: 03 Mai 2015, 18:01    Sujet du message: Répondre en citant

PARTIE IV
- A terre -


Le chapitre neuf a écrit:
Après cette nouvelle tragédie, l'ancien second, devenu capitaine de la "Fleur des Astres", fut conforté dans son désir de faire approuver sa proposition.

Il décida alors de l'exposer en deux temps.
Dans sa cabine, il rassembla tout d'abord les membres de la famille. Après tout, ce sont eux qui finançaient l'expédition. Les convaincre ne fut pas chose aisée. Toutefois, il se satisfis d'avoir habilement su manoeuvrer pour arriver à ses fins.
Une fois cette première étape passée, il ne lui restait plus qu'à convaincre les aventuriers.

Rassemblés sur le pont arrière, ils s'apprêtaient à donner les funérailles à l'archer décédé.
Le capitaine patienta donc que celles-ci soient terminées pour s'entretenir avec eux.
Attente qu'il mis à profit pour réfléchir à la façon d'aborder la chose.

La discussion se déroula dans le dortoir où logeaient les aventuriers.
Après de longues minutes à s'employer à choisir ses mots & à mettre en avant les bénéfices & les avantages qu'ils auraient à accepter, le capitaine sentit, à la vue des visages septiques de son auditoire, qu'il ne serait pas aussi facile d'arriver à un accord avec eux comme ce fut le cas avec la famille & il n'avait pas tort.
Chacun y alla de son argument.
Les risques, la perte de temps, les primes, les conditions ... tout était bon pour renégocier la proposition à leur avantage, mais au bout d'une heure, aucun accord n'avait abouti & la nuit tombait.

Devant régler une affaire urgente à l'avant du bateau, le capitaine les laissa seuls afin qu'ils prennent une décision collégiale.
A son retour, leur ayant détaillé jusqu'où il était prêt à céder, ils devraient lui annoncer s'ils acceptaient ou non sa proposition.

*******


Ils avaient finalement accepté.
Mais à quel prix !?
Le capitaine ayant cédé sur bien plus de points qu'il ne l'aurait voulu, mais le résultat était là & il s'en satisfaisait.

La nuit était tombée.
C'est donc dans la pénombre que le navire accosta sur le petit quai d'une auberge de voyageurs.
Le capitaine connaissait bien cette auberge, même si son ancien capitaine évitait toujours autant que possible de s'y arrêter sous prétexte que son gérant n'était qu'un voleur & un ancien bandit de grand chemin aujourd'hui reconverti. Mais étant la seule auberge à des kilomètres à la ronde, elle était une étape régulière pour les voyageurs qui empruntaient le fleuve.

L'auberge était occupée. L'ancien second craignit alors qu'il n'y ait plus assez de place pour eux, mais par chance, l'aubergiste lui assura qu'ils auraient toute la place qu'ils voudraient.
Les hommes qui buvaient & chantaient dans la grande salle étaient des hommes des deux garnisons royales qui campaient aux abords de l'auberge. Seuls les deux chefs militaires avaient pris une chambre à l'étage.

Comme ils étaient fatigués & qu'ils avaient prévus de repartir dès le lever du jour le lendemain, ils ne s'attardèrent pas plus longtemps au rez-de-chaussée & montèrent directement à leur chambre.
Traînant un peu la patte, un membre de la famille retint un instant le tenancier au bas de l'escalier.
Après avoir échangé quelques mots, sa main passa discrètement de sous sa cape vers la poche du tablier du gérant.
Celui-ci lui tapota sur l'épaule & l'accompagna lui-même à sa chambre.

Chaque membre de la famille avait sa propre chambre. C'était là l'idée du capitaine.
Chaque chambre serait fermée à clef de l'extérieur par un aventurier qui la garderait avec lui & qui monterait la garde devant, toute la nuit. C'est autour de ce point-là que les aventuriers furent difficile à la négociation. Finalement, il fut décidé que c'est devant une autre chambre que celle dont ils possèderaient la clef qu'ils iraient monter la garde.
Ainsi, aucun membre de la famille ne pourrait nuire à quiconque & aucun aventurier ne pourrait nuire à quiconque sans être vu par un autre aventurier.

Tout le monde s'apprêtait donc à passer une nuit tranquille.
Douce & reposante pour certains, mais longue & pénible pour d'autres.

Dans le couloir de l'étage, des couches avaient été installées pour ceux qui montaient la garde.
Egrainés au fil des portes, faiblement éclairés, ils se distinguaient mal les uns les autres & sans pouvoir discuter sans risquer de réveiller ceux qui dormaient, il leur était difficile de résister au sommeil. Pourtant ils s'en acquittaient tant bien que mal.

*******


Au milieu de la nuit, un léger grincement se fit entendre.
Dans le couloir, personne ne réagit.
Tous avaient cédé au sommeil.
Dans les chambres, tout semblait calme.

Un froissement.
Plus rien.

Un nouveau grincement.
Plus rien.

La nuit reprenait son cours.
Noire. Profonde.

*******


Les deux pattes avant posées sur les joues de son maître, le crapaud de combat gonfla son goitre qui vint buter sur son menton râpeux avant d'émettre un croassement bruyant qui ne manqua pas de réveiller en sursaut celui qui dormait alors profondément.
En colère, il allait fustiger son batracien quand il se retint pour s'assurer que personne n'avait été dérangé.
Tendant l'oreille, il fut soulagé de voir que tout le monde dormait encore. Mais des tintements métalliques retinrent son attention.
Ces bruits venaient de l'extérieur.
Se concentrant sur ce qu'il percevait mieux maintenant, il distingua des cris.
Sursautant une seconde fois, il comprenait que des hommes se battaient à l'extérieur.

Discrètement, il se leva & se dirigea vers la fenêtre située en bout de couloir. De là, il voyait une partie du bateau.
La bouche pendante, ce qu'il voyait maintenant lui glaça le sang.
Des barbus avaient envahis le bateau & se battaient avec les marins.

Sans plus tarder, il donna l'alerte.
Rapidement mis au fait, ses compagnons réagirent au quart de tour. Il fallait réveiller la famille, qu'ils se préparent, n'emportant que le strict minimum, & déguerpir au plus vite.
Chacun ouvrit la porte de la chambre devant laquelle ils montaient la garde & alerta son occupant.

En entrant dans celle qu'il gardait, l'homme au crapaud ne pu contenir un cri.
La vieille dame qui y logeait n'y dormait plus, elle y mourrait.
Toujours dans son lit, les yeux exorbités, la bouche grande ouverte, elle baignait dans son sang.
Egorgée comme un porc, un objet maintenait grande ouverte la profonde entaille qui lui avait ôté la vie, la scène était macabre.
Choqué, il ressortit aussitôt de la pièce, allant retrouver les autres qui commençaient à se rassembler en haut de l'escalier.


_ Où est la vieille ? demanda le grand blond à l'attention du jeune homme.
_ Elle est ... elle est morte.
_ Ma cousine ? demanda la soeur de l'homme au capuchon qui attendait à leurs côtés.
_ Je suis désolé, s'excusa l'homme au crapaud. La porte est pourtant restée fermée à clef toute la nuit, commença-t-il à expliquer. Je ne comprends vraiment pas ... à moins que, je n'ai pas regardé la fenêtre.
_ Avait-elle quelque chose sur elle ? demanda la femme l'air inquiet.
_ Je ne sais pas. Peut-être.
_ Il faut aller voir !
_ Nous devons y aller, annonça l'homme au capuchon qui venait de les rejoindre. Nous n'avons plus une seule seconde à perdre.

Hésitante, sa soeur finit par suivre le groupe qui descendait les marches pour rejoindre la cour de l'auberge.

Aucun danger visible, mais on entendait plus clairement le bruit des combats.


_ On ne peut pas retourner au bateau, décréta le capitaine. Nous devons continuer notre route à travers bois. Le chemin qui mène à la grande cité est par-là, fit-il en désignant un point vague en direction de la forêt. Suivez-moi !

Tous s'élancèrent furtivement à la suite du capitaine.
A l'orée du bois, le blond se retourna & donna des instructions d'une voix forte.
Il passerait devant avec le capitaine pour ouvrir la route, le reste des aventuriers fermerait la marche pour assurer les arrières, protégeant ainsi la famille qui resterait groupée au milieu.

En se retournant, l'homme au crapaud fut pris de terreur.
Les combats avaient cessés sur le bateau, les marins avaient été vaincus. Les barbus se battaient maintenant contre les hommes de la garde impériale. Bien mieux préparés à la guerre, le combat semblait plus équilibré, mais de nouveaux barbus ne cessaient d'arriver du nord pour renforcer les rangs des sauvages.
L'un d'eux cessa de combattre.
Inclinant la tête, il fixa le jeune homme d'un oeil perplexe.
Voyant ce dernier disparaître à toutes jambes dans les feuillages, il hurla un cri guerrier.


Le chapitre dix a écrit:
Combien de temps s’était-il arrêté pour observer la bataille qui se déroulait sur le petit port fluvial ?
Quelques secondes à peine, guère plus. Pas plus d’une minute, enfin il croit. Il ne savait plus vraiment.
Pourtant, il n’y avait qu’un seul chemin & il avait quand même perdu de vue le groupe qui le devançait.
La forêt était dense à cet endroit & il n’aurait pas pu rater un sentier ou un passage dans les fourrées. Pas lui.
Tout en courant & entre deux respirations, il tentait d’appeler ses compagnons, mais la forêt restait silencieuse.
Plus il avançait, plus il se désespérait. Aucune trace au sol, aucune branche cassée. Rien qui indiquait le passage récent d’un groupe d’hommes.
Il fallait se rendre à l’évidence. Il était perdu.

*******


_ Qu’est-ce que tu fous ? Dépêche-toi !

L’homme au panache appelait l’homme à qui le grand blond avait demandé de fermer la marche & qui s’était subitement arrêté pour observer le port.
Il hésita à faire demi-tour pour aller le chercher, mais la seule vue des barbus l’en retint. Il l’appela une nouvelle fois, mais ce dernier ne bougeait pas, comme pétrifié.
Poussant un juron, il reprit sa course à la poursuite du groupe.

Comme le chemin faisait une courbe, il les perdu de vue un instant.
A la sortie de la courbe, ils n’étaient plus là. Heureusement, le bruit d’une branche qui casse attira son attention sur sa gauche. Là, il distingua furtivement dans les taillis la cape sombre de l’aventurier qui le devançait.
Effectivement, d’après les marques qu’il voyait maintenant sur le sol, un ancien sentier partait dans cette direction, mais la végétation avait repris ses droits sur le passage de l’homme.
Sans plus tarder, il s’engouffra dans les fourrées.

*******


Que faire ?
Il ne savait pas où menait ce chemin & s’il voulait retrouver ses compagnons, ce n’est certainement pas par là qu’il fallait aller.

Devait-il revenir en arrière ? Mais s’il le faisait, il tomberait nez-à-nez avec les barbus.
A moins qu’il ne retrouve avant la bifurcation qu’il avait assurément raté. De plus, les hommes de l’empereur avaient peut-être gagné la bataille, qui sait ?

Prenant son courage à deux mains, il fit demi-tour.
Tout les sens en alerte, il cherchait à la fois le fameux passage, le groupe qu’il recherchait & l’arrivée de quelques intrus, lorsqu’un détail attira son attention.

Il venait de trouver le fameux sentier qu’il avait raté.
Plutôt que de s’y engager tête baissée, il s’accroupit un moment afin d’examiner les traces.
Les autres étaient assurément passés par là, mais des barbus aussi, probablement celui dont il avait croisé le regard & quelques autres. S’il s’y engageait, c’est lui qui poursuivrait maintenant les sauvages.
Alors que faire ?

Plus rien ne semblait le presser. Il décida alors de retourner au petit port.

Tout doucement, il approcha de l’orée du bois. Tout était redevenu calme.
Le bateau avait disparu. Partout des cadavres éventrés, des hommes déchiquetés ou démembrés, certains agonisants encore, du sang coulait dans les moindres fissures du sol, dégoulinant jusqu’à la rive pour finir sa course dans les eaux du fleuve.
Désolé, il sortit de sa cachette & s’avança dans la plaine.
Il déambulait, choqué par tant d’horreur, jusqu’à se retrouver au bord du fleuve.
Là, il observa les alentours. Le fleuve, la nature, le ciel, tout était calme.
Il se pencha pour se rafraîchir le visage dans les eaux du fleuve.

Un coup violent le frappa alors à la tête. Il tomba de tout son poids, inconscient, au bord de l’eau.
Max sortit de sa besace.
Il se dégourdit les pattes puis, après avoir léché le visage de son maître & voyant qu’il ne se réveillait pas, il partit le long de la berge rejoindre un tapis de nénuphars entouré de roseaux.

*******


_ Tout le monde est là ? demanda le capitaine après avoir proposé de faire une halte.
_ Non, répondit l’homme au casque panaché.
_ Pas étonnant, réagit le grand blond. Je suis sûr que c’est lui qui a comploté avec les barbus. C’est d’ailleurs lui qui devait surveiller votre cousine, fit-il à l’attention de l’homme au capuchon. Il lui était facile de l’égorger au milieu de la nuit, sans compter que c’est lui qui a donné l’alerte. Qui ne nous dit pas que c’est aussi lui qui a guidé ces sauvages jusqu’à nous ? Moi je dis : Bon débarras !

Personne ne s’opposa à cette dernière remarque, ne sachant trop quoi en penser & préférant reprendre son souffle & se reposer plutôt que de réfléchir à quoi que ce soit.

Après avoir couru pendant plus d’une heure, ils étaient tous éreintés. Certains plus que d’autres.
Ils avaient changé à plusieurs reprises de sentiers, espérant ainsi perdre leurs éventuels poursuivants.
Arrivés dans cette clairière, ils s’aperçurent qu’ils avaient en réalité longé le fleuve.
Le capitaine leur expliqua comment il envisageait la suite.


_ Nous sommes encore à une journée de marche environ de la grande cité. Il nous faut donc trouver un endroit où passer la nuit. Si vous voulez, je connais un endroit à moins d’une heure de marche d’ici, mais il faudra éviter d’y faire un feu pour ne pas attirer les bêtes ou les barbus, s’ils nous poursuivent encore bien que j’en doute. Dès que vous serez assez reposé, nous pourrons y aller.
_ C’est quoi comme endroit ? s’enquit l’aventurier à la cape sombre.
_ Une grotte au bord du fleuve.


*******


Après plus d’une heure de marche, le groupe arriva enfin à la grotte dont parlait leur guide.
La marche avait été interrompue à maintes reprises. Certains ne supportant pas une telle débauche d’énergie.
L’homme au capuchon étant le plus mal-en-point, il tomba d’épuisement à même le sol, se laissant aussitôt submerger par la fatigue. Son beau-frère l’imita sur l’instant.
En quelques secondes, ils s’étaient tout les deux assoupis.
Quant à la dernière représentante féminine de la famille, elle était visiblement bien plus résistante que son frère & son mari. Mais, bien qu’épuisée elle aussi, elle prit la peine de se préparer une couche avant de s’y allonger dessus.
Les autres, bien plus habitués à de tels exercices, accusaient toutefois le coup. Le grand blond, bien que puissant physiquement & imbattable au bras de fer, n’était pas très endurant & sa blessure à l’épaule le faisait atrocement souffrir. S’il n’en laissait rien paraître, il était celui des aventuriers qui accusait le plus le coup.

Quand le soir approcha, ils se sustentèrent des quelques mets qu’ils purent trouver dans la forêt. Des racines, des insectes & des baies.
Quand vint le moment de se coucher, le jeune blond se proposa de tenir seul le premier tour de garde.
Les autres se mirent à l’abri dans une grotte à quelques mètres de là. Sauf les deux hommes de la famille qui dormaient déjà.

La journée avait été épuisante.
Tout le monde s’endormit sans attendre. Même celui qui s’était proposé de veiller.
Réveillé au milieu de la nuit, tout était calme. Il retourna donc un peu après dans la grotte & se rallongea aussitôt. N’ayant pas le cœur à réveiller ses compagnons pour prendre la relève, le campement était livré à lui-même.

Pourtant, la nuit, la forêt a un gros appétit.


Le chapitre onze a écrit:
Dans la grotte, tout était calme.
Regroupés pour se tenir chaud, les trois aventuriers, le capitaine & la sœur de l’homme au capuchon dormaient encore sur la grande couche de fortune qu’ils avaient aménagé à la hâte quand le soleil commença à poindre au dehors.

L’homme au capuchon ayant passé la nuit sous la voûte étoilée, aux côtés de son beau-frère, il fut le premier réveillé.
Frigorifié & embaumé de rosée, il frissonna en ouvrant les yeux.
Quelques secondes plus tard, comme si s’était encore possible, son sang se glaça & il tremblait comme une feuille.
Il tenta d’articuler quelques mots, mais rien ne sortait. Tout comme il essaya de se lever, mais ses jambes en avaient décidé autrement. C’est donc à quatre pattes qu’il recula en direction de la grotte.

A l’entrée de la cavité, il se retourna & réussit enfin à se lever.
Arrivé près du petit groupe endormi, on aurait pu s’attendre à ce qu’il soit furieux de retrouver sa soeur entourée aussi chaleureusement de tous ces hommes beaux & forts, mais il n’en était rien. Même la vision du grand blond bien lové contre la poitrine à moitié dénudée de la femme ne le fit pas réagir.
Au lieu de cela, il les réveilla en hurlant, mais de peur.
Il leur demandait de l’aide, mais ses paroles étaient tellement confuses qu’ils mirent du temps à comprendre ce qui se passait. Il les dirigea alors vers l’extérieur & c’est là qu’ils comprirent.

Le dernier membre du groupe était en train de se faire dévorer part un énorme serpent. Ses pieds dépassaient encore de la gueule du reptile.
L’homme à la cape, plus prompt à réagir, dégaina son épée & se jeta sur l’animal qui peinait à finir de dévorer le malheureux.

En effet, cela faisait déjà quelques heures que le serpent avait commencé à gober la tête de l’homme endormi. Ce dernier, au sommeil imperturbable, n’avait même pas réagi. Une fois la tête avalée, il bloqua sur les épaules, mais après force & abnégation, il en vint à bout. Le reste du corps passa lentement, mais sûrement. C’est une fois arrivé sur le bassin qu’il éprouva les pires difficultés, il peinait à avaler & il lui fallu beaucoup de temps pour ingurgiter sa grosse proie bedonnante avant de fatiguer & de continuer son repas à moitié inconscient. Les deux pieds du pauvre homme étaient visibles quand l’aventurier le trancha en deux, non sans s’y reprendre à plusieurs reprises.

Malgré sa réactivité, il était bien trop tard pour espérer sauver la victime du serpent.

*******


_ Ca aurait pu être moi ! s’exclama l’homme au capuchon d’une voix aiguë qui trahissait sa fébrilité. Vous vous rendez compte que ça aurait pu être moi !? A un mètre près, c’est moi qu’il aurait bouffé & j’aurai fini comme un boudin dans son estomac !
_ Mais ce n’est pas toi qui est mort, c’est mon mari, le coupa sa sœur. Alors soit content & ferme-là.
_ Mais pourquoi vous nous avez laissez dormir dehors ? Vous deviez vous douter que c’était dangereux. Vous saviez vous, non ? demanda-t-il à l’attention du capitaine.
_ C’est bien la première fois que je vois ça, répondit simplement celui-ci.

Depuis le début de leur voyage & même avant, ils en avaient vu des choses atroces, mais celle-là, de si près, cela n’avait pas manqué de les choquer.
Malgré tout, ils ne pouvaient pas rester là plus longtemps. Le temps continuait d’avancer & la route était encore longue, surtout à pied.

*******


Pris de panique, l’homme au capuchon avait décidé de continuer seul son chemin.
Après avoir traité les trois aventuriers d’incapables & décidé que pour une si piètre qualité de leurs services il ne comptait pas leur payer le moindre sou, après avoir rit au nez du capitaine en se moquant de lui car il n’avait plus ni bateau, ni équipage, & qu’il n’avait donc plus besoin de lui, il tourna les talons, abandonnant sa sœur à son sort au milieu des quatre hommes qu’il venait de congédier.
Comme il s’éloignait vraiment, la femme constata qu’il était bien sérieux. Ce n’est que lorsque son capuchon disparu derrière un fourré qu’elle réagit.


_ Mais il s’en va vraiment ! Vous n’allez quand même pas le laisser partir comme ça, si ? C’est lui qui a tout les papiers pour l’héritage. S’il s’en va, je n’aurai rien & vous non plus. Vous, fit-elle à l’attention du capitaine, vous avez déjà négocié avec lui, allez donc lui faire entendre raison.
_ Je vous accompagne intervint le jeune homme à la cape.
_ Bien, acquiesça le capitaine. En attendant, fit-il en se retournant vers les deux autres aventuriers, pliez le camp & veillez sur elle. On partira dès qu’on l’aura ramené.


*******


Les deux hommes mirent plus de temps qu’ils ne l’auraient cru pour retrouver celui qui leur avait faussé compagnie.
L’homme au capuchon ne s’était même pas arrêté pour discuter & c’est tout en marchant que le capitaine tenta de lui faire entendre raison.


_ C’est insensé. Vous ne savez même pas par où il faut aller.
_ Vous nous l’avez dit hier, il suffit de longer la rive !
_ Certes, mais il y a des passages dangereux & quelques détours à faire.
_ Ne vous en faites pas pour moi, répondit-il ne tâtant l’épée qu’il portait à la ceinture. Je saurai me défendre aussi bien, si ce n’est mieux, que ceux que votre patron avait engagé pour le faire, ironisa-t-il en regarda le jeune homme blond.
_ Ecoutez, je suis encore le capitaine de cette expédition …
_ Le capitaine ? s’exclama l’homme au capuchon. Mais il est où votre bateau ?
_ Là ! …

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MessagePosté le: 03 Mai 2015, 18:01    Sujet du message: Répondre en citant

PARTIE V
- La cité impériale -


Le chapitre douze a écrit:
Pendant qu’ils discutaient, l’aventurier surveillait les alentours & c’est à ce même moment qu’il aperçu, quelques centaines de mètres plus loin, le bateau qu’ils avaient abandonné la veille.
A son bord, on pouvait distinguer quelques silhouettes.
Certains portaient la tenue de la garde impériale, mais pas tous & il fallu quelques instants au trio pour comprendre que la « Fleur des Astres » avait atterri entre les mains des barbus.

Un cri provint du bateau.
L’instant d’après, une poignée de flèches transperçaient le ciel pour venir se figer à quelques pas du petit groupe.
Comprenant qu’il ne fallait pas trainer, ils se mirent à faire demi-tour au pas de course, mais sur un mouvement précipité, l’homme au capuchon trébucha & s’écrasa au sol. L’homme à la cape sombre revint à sa hauteur pour l’aider à se relever.
Une deuxième salve fusa. Plus précise.
L’aventurier, hurla de douleur en tombant à genoux à terre. Il venait de recevoir une flèche dans le rein droit.
Le capitaine était déjà trop loin pour prêter attention à ce qui se passait derrière lui.
Une troisième salve partit. De nouveau sur pieds, l’héritier du comte Von Nabis détala en voyant les projectiles arriver dans leur direction. Son protecteur n’eut que le temps de se relever & de se retourner pour voir arriver une flèche se figer dans son ventre & une autre dans son bras, lui arrachant un nouveau cri & le renvoyant une nouvelle fois à terre. L’homme au capuchon se retourna, mais craignant pour sa vie, il repartit aussitôt, abandonnant l’aventurier à son sort.
Une nouvelle salve se fit entendre.
Troublé par la douleur vive, l’homme à la cape sombre tarda à réagir & deux nouvelles flèches vinrent le transpercer. La première à la jambe & la suivante à la tête.

*******


Le capitaine arriva le premier au campement & expliqua en deux mots la situation :
"Barbus" & "Fuir".


_ & mon frère ? s’enquît la seule femme du groupe.

Celui-ci arriva à son tour.
Le capitaine les invita alors à le suivre & s’engagea dans un petit sentier qui contournait la cavité rocheuse.
Sans poser de question, tous le suivirent.

Le chemin était en légère pente.
Puis, il se mit à serpenter dans les broussailles & à devenir plus raides, obligeant le petit groupe à ralentir sa course.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent sur une sorte de promontoire d’où on voyait les lacets du fleuve zigzaguer au milieu de la forêt & déboucher vers de vastes plaines.


_ Regardez ! s’exclama l’homme au casque panaché en désignant un point à l’horizon. La cité impériale !
_ Mais c’est encore loin, s’écria la femme.
_ Ne vous en faites pas, fit le capitaine. Nous tracerons tout droit. Il faudra juste être prudent en traversant les marécages, là, fit-il en montrant une zone sombre en bas de la colline où ils se trouvaient. Après, nous nous reposerons dans le petit village, là-bas. Si on s’y prend bien, on pourra peut-être négocier des chevaux ou une charrette pour espérer arriver à la cité avant le milieu de la nuit.
_ Oh oui ! Un cheval ! Sinon, jamais mes jambes ne me porteront jusque là-bas, se découragea l’homme au capuchon peinant à reprendre son souffle.

La petite troupe repris sa marche.

*******


La descente fut plus aisée, mais la traversée des marécages s’annonça périlleuse.
Après quelques mètres seulement, sans une prompte réaction de l’homme casqué, l’homme au capuchon croupirait déjà au fonds des eaux troubles.
Tout essoufflé & dégoulinant de vase, il se fit joliment sermonner par le capitaine qui lui expliqua sans ménagement que la moindre faute d’inattention pouvait être fatale & qu’il fallait à tout prix suivre ses traces au millimètre près, sans quoi, s’il refaisait le moindre écart, personne n’irait risquer sa vie pour lui.
Effrayé par la perspective de pourrir bêtement au fonds de ces eaux sombres, le futur héritier du comte se concentra durant tout le reste de la traversée, quitte à perdre un peu de temps, mais ne pipant plus un mot au grand bonheur de ses compagnons de route.

*******


La traversée du marécage se déroula sans réel incident.
Un pied qui glisse dans l’eau. Un serpent de plusieurs mètres de long. Un jeune crocodile téméraire.
Rien de bien méchant pour effrayer la petite troupe.

Une fois arrivé au petit hameau, le capitaine se dirigea tout droit vers une petite cabane.


_ Attendez-moi là, fit-il avant d’entrer.

Quelques minutes plus tard, il en ressortit accompagné d’un vieillard.
Celui-ci leur expliqua que, malheureusement, ce qu’ils demandaient été au-dessus de ce qu’ils pouvaient offrir. Un cheval, une mule ou même une charrette seule, tout leur était si précieux qu’ils ne pouvaient imaginer s’en séparer ne serai-ce qu’une journée. En revanche, offrir le gîte & le couvert, malgré leur pauvreté apparente, était une chose qu’ils ne pouvaient refuser. Au risque de s’attirer les foudres, si ce n’est de l’empereur, du créateur lui-même.
De toute façon, la petite troupe avait déjà perdu beaucoup de temps lors de la traversée du marécage & ils étaient donc contraints de passer la nuit ici.
Au moins, ils y seraient à l’abri & au chaud.

Le petit patelin n’avait ni auberge, ni poste de relais, si bien que l’autochtone leur proposa de se répartir chez les quelques habitants qui composaient le hameau.
Proposition d’usage pour tout gens de passage.

Le capitaine & l’homme au capuchon dormiraient donc chez lui. La sœur de l’homme au capuchon irait dormir chez sa sœur. Quant aux deux aventuriers, ils iraient chez son fils aîné, l’homme à tout faire du coin.
Après quelques échanges, il s’avéra que les habitants du village étaient tous issus de la même famille.

Après s’être ravitaillés, posés & lavés, ils se retrouvèrent chez le fils aîné du vieillard pour prendre le repas du soir, tous en commun.
Comme le hameau ne comptait que huit âmes, l’arrivée de cinq voyageurs affamés équivalaient à préparer deux repas. Ce pourquoi la cuisinière, la jeune épouse de l’homme à tout faire, une fille pas vraiment belle mais qui ne rechignait pas à la tache, se contenta sur les conseils de son beau-père de proposer une bouillie sommaire & quelques viandes maigres, sans sauce. Quant au vin, s’était le pire breuvage de la contrée.

Ereintés, ils allèrent tous se coucher aussitôt le repas fini.

*******


Sur sa paillasse, le capitaine écoutait ronfler l’homme au capuchon.
La nuit était bien avancée.
Il le réveilla.

Après s’être assuré qu’il était en état de l’écouter, il lui énonça une proposition que, selon lui, il ne pouvait pas refuser car elle ne se représenterait pas deux fois.


_ Ainsi, au lieu de partager votre héritage avec votre sœur & de devoir en plus payer de votre poche ces aventuriers qui, en toute franchise, ne vous ont été d’aucune utilité, vous n’aurez que moi à payer.
_ Tout de même ! C’est ma sœur.
_ Pensez-vous qu’elle se soucierait de savoir si vous êtes son frère ou le chien de sa servante si elle était dans votre position ? Cessez de faire dans les sentiments & ne perdons plus de temps. Vous avez jusqu’au lever du jour pour y réfléchir, mais vous le ferait en chemin.

Joignant le geste à la parole, il leva de sa couche l’homme au capuchon, rassemblèrent le peu d’affaires qu’ils avaient & sortirent discrètement de la cahute.
Après quelques mètres, le capitaine de la « Fleur des Astres » stoppant son compagnon d’un geste de la main.
Des bruits laissaient présager que tout le village n’était pas endormi.
En redoublant de précautions, ils se faufilèrent entre les cabanes &, passant devant l’une d’elle, ils s’arrêtèrent une nouvelle fois.


_ Ecoutez ! chuchota le premier. Vous entendez votre chère sœur qui s’envoie en l’air avec son petit blondinet ?
_ La garce ! J’aurai du m’en douter. Je vous pari que c’est elle qui a tout manigancé avec ce vaurien, jusqu’à aller faire tuer son mari. Si vous n’étiez pas là …
_ Chut ! Ne me tentez pas & vous me remercierez plus tard.

Puis ils s’enfoncèrent dans la nuit, en direction de la grande cité impériale.


Le chapitre treize a écrit:
_ Tu as bien récupéré de ta blessure, dis-moi.
_ Oui. Grâce à tes soins particuliers, répondit le jeune homme.
_ Remercie surtout la nature de t’avoir aussi bien constitué. Mais l’heure tourne. Va regagner ta couche avant que quelque ne se réveille & te voit.
_ Je me demandais si le capitaine …
_ Va te coucher.

Les premières clartés du jour naissaient à l’horizon.
Dans moins d’une heure le village sera réveillé. S’il voulait être suffisamment en forme pour la dernière journée de marche jusqu’à la cité, il lui fallait profiter de ce dernier répit pour dormir.
Doucement, le grand blond traversa le village pour regagner sa couche.
L’homme au casque panaché, avec qui il partageait le lit, dormait toujours. Une souris vint lui chatouiller les pieds & il grommela dans son sommeil.
Craignant qu’il ne se réveille, il s’allongea aussi vite que possible &, épuisé, il s’endormit en quelques instants.

*******


Comme il restait moins d’une journée de marche, la petite troupe de voyageurs avaient décidé de retarder le départ de deux heures.
Deux heures qui n’étaient pas superflues pour récupérer de toute la fatigue accumulée depuis ces derniers jours.

La sœur de l’homme au capuchon était la première levée.
Assise à côté de son hôtesse, elle mangeait un petit pain accompagné d’une infusion de fleurs d’eucalyptus.
Elle expliquait plus en détails les raisons de leur voyage, promettant même de revenir les voir une fois qu’ils auraient touché leur héritage afin de récompenser leur hospitalité.
Alors que la vieille dame cherchait un présent à offrir en retour de tant de gratitude à venir, le capitaine fit irruption dans la salle, flanqué des deux autres aventuriers.


_ Votre frère s’est enfuit !
_ Comment ça enfuit ?
_ Il a prit ses affaires & a quitté le village.
_ Mais pour aller où ? Vous dormiez avec lui & vous n’avez rien entendu ? C’est lui qui a les papiers de …
_ Vous avez des ennuis ? s’inquiéta la dame qui revenait avec un présent à la main.
_ Mon frère ne semble pas vouloir partager notre héritage. Il s’est enfuit.
_ Mais vous allez le rattraper, n’est-ce pas ? fit-elle tout en glissant le cadeau qu’elle voulait offrir sous son tablier.
_ J’y compte bien ! & je suis désolée de devoir vous quitter aussi précipitamment, mais nous ne devons pas traîner si nous voulons le rattraper avant qu’il ne soit trop tard.
_ Mais faites donc & revenez nous voir dès que tout sera réglé. Bonne chance.

Sans prendre le temps de répondre, ni même de saluer son hôtesse, l’héritière était déjà dehors prête à prendre la route.
Les trois hommes la suivirent, écoutant en silence les monologues furieux de la bonne femme.
Tantôt elle insultait son frère, tantôt elle le plaignait. Parfois, elle le maudissait. Mais au final, elle répétait qu’elle aurait du se méfier, avant de conclure à plusieurs reprises qu’elle aurait du se douter que c’était lui qui était la cause de tous les malheurs qui leur étaient arrivés depuis leur départ. D’abord son fils attaqué par les barbus, puis le capitaine lui-même & ensuite sa fille & tous les autres.


_ Mais heureusement que vous étiez là. Il a bien compris que le masque allait tomber & qu’il ne pouvait rien contre moi tant que vous étiez avec moi. Du coup, je comprends mieux son choix de partir comme un voleur. Mais la partie est finie mon frère !


*******


Peu avant la première heure de marche, la surprise qui les attendait était de taille.
Allongé au bord du chemin, l’homme au capuchon semblait les attendre.
Comme il ne répondait pas, s’approchant de lui sa sœur lui releva sa capuche.
Sa tête bascula en avant, entraînant tout le corps avec lui dans le fossé.
Il était mort.


_ Bien fait pour toi !fit-elle en lui crachant dessus.

Elle se jeta alors sur le corps inanimé de son frère & se mit à fouiller ses poches.
Comme celles-ci étaient vide, un sentiment de panique l’envahi.
Elle se mit alors le fouiller sans ménagement, quitte à déchirer ses vêtements.
Mais toujours rien.
Les yeux effrayés & inquiets, elle se retourna vers le capitaine.


_ Il ne les a pas !
_ Ce n’est pas possible, répondit le marin.
_ Je ne suis pas stupide ! Il ne les a pas & il ne peut pas les avoir oublié au village ! Il est abruti, mais pas à ce point. C’est sûrement celui qui l’a tué qui a du s’en emparer, conclu-t-elle d’un regard insistant vers le capitaine.

Après un moment d’hésitation, celui-ci acquiesça. Les deux autres étaient du même avis.
Mais où aller ?
Après un moment de réflexion, étant donné que les papiers n’avaient de valeur qu’auprès du notaire de la cité, ils en conclurent que c’est là qu’ils le retrouveraient.
Le temps pressait.

*******


_ Comment avez-vous pu être aussi stupide ? murmurait la femme au capitaine.
_ Mais enfin, je ne pouvais pas prévoir qu’un bandit de grand-chemin passerait par là. Je ne l’ai laissé seul que deux heures … trois tout au plus. Si j’avais pris les papiers avec moi, il se serait douté de quelque-chose, conclut-il en se pointant du menton les deux aventuriers qui marchaient plusieurs mètres devant eux.
_ & alors, qu’attendons-nous ?
_ C’est un guerrier, il est constamment sur le qui-vive, je préfère rester prudent & l’avoir par la ruse ...

Les deux aventuriers qui les précédaient s’arrêtèrent.
Le grand blond leur fit signe de s’avancer doucement.

Aux bords d’un pré, à l’abri d’un chêne, un homme était en train de remballer ses affaires. Des braises encore fumantes près de lui indiquait qu’il avait probablement fait un feu pour cuire une quelconque viande qu’il venait de manger.
Cette pensée donna faim aux trois hommes qui n’avaient encore rien avalé depuis leur réveil.
L’aventurier au casque panaché s’éclipsa dans les herbes hautes.
Quelques secondes plus tard, il se retrouvait près de l’arbre & bondit sur l’homme dont la surprise fut totale. Sans opposer de résistance, il s’était retrouvé à terre, maintenu par deux bras solides.
Quand les autres le rejoignirent, l’homme au casque releva son prisonnier & commença à le questionner.
L’héritière du comte Von Nabis fouilla ses affaires & y trouva les précieux papiers.


_ Il a tué mon frère, qu’il subisse le même sort, ordonna-t-elle.
_ Non ! Non ! Attendez, je n’ai tué ...

Le pauvre homme n’eut pas le temps de finir sa phrase que le grand blond lui avait déjà enfoncé son couteau dans les entrailles.
Un deuxième coup l’acheva sans difficulté.

L’homme au panache fut surpris par la rapidité d’exécution, ne comprenant pas pourquoi ils ne l’avaient pas emmené à la cité maintenant toute proche pour le faire juger.
Mais ses compagnons lui répondirent qu’ils étaient fatigués, qu’ils avaient récupéré ce qu’ils cherchaient & qu’ils ne voulaient pas s’encombrer d’un prisonnier, qui aurait sans nul doute entrainé des frais, un jugement qui trainerait en longueur & du temps perdu.
Là au moins, l’incident était clos, ce qu’il finit par comprendre & accepter.

*******


Ils arrivèrent dans la cité dans le début de l’après-midi.
Au moment où ils allaient franchir le pont-levis pour entrer dans l’enceinte de la grande cité impériale, un grand cor retentit au sommet d’une tour, bientôt suivit par un autre plus loin & d’autres encore.
Toute la cité résonnait au son des grands cors.

Toutes ces trompettes pour leur arrivée les intriguaient.
Des gardes impériaux vinrent à leur rencontre emmenant avec eux des gueux, des brigands, des coupe-jarrets & toute la pire canaille que la cité gardait jusqu’alors dans ses geôles.


_ Que se passe-t-il ? demanda le grand blond à l’un des gardes.
_ Regardez par vous-même, fit-il en pointant l’horizon.

Derrière eux, encore bien loin pour pouvoir les distinguer correctement à l’œil nu, une nuée de barbus s’avançait, arme à la main.

_ & que faites-vous de ces hommes ? interrogea la femme du groupe.
_ Ils vont défendre la cité. S’ils survivent, alors ils seront graciés. S’ils meurent, ils auront reçu seul sentence. Mais, même s’ils ne valent pas mieux, je doute que ces barbares leur fassent de cadeaux.
_ Cet homme est notre prisonnier, intervint le capitaine en poussant l’homme au casque panaché tout surpris d’une telle remarque vers le capitaine de la garde. Que devons-nous en faire ?
_ Laissez-le avec cette racaille & allez vous réfugier à l’intérieur.
_ Mais je n’ai rien fait, s’insurgea l’aventurier accusé à tort. Non ! NON ! Vous n’avez pas le droit, c’est un mensonge !

Malgré ses protestations, des gardes l’avaient déjà empoigné pour l’envoyer rejoindre les autres « condamnés à mort ».
Sans se faire prier, les trois autres entrèrent dans la cité sous les injures de leur ancien compagnon qui ne cessait de les maudire.

Quelques instants plus tard, la grande porte de la cité était verrouillée & barricadée.
Des armes sommaires furent jetées par-dessus la muraille pour que les hommes de l’armée de fortune puissent se battre &, s’ils ne survivaient pas, tuent aux moins quelques-uns des assaillants, ce qui serait toujours ça de moins à combattre plus tard.

Une fois dans la cité, le trio se félicitant de leur réussite.
Ils allaient maintenant pouvoir récupérer l’héritage du comte Von Nabis & se le partager équitablement.


L'épilogue a écrit:
Alors que toute la cité tremblait & s'activait pour défendre ses remparts, le capitaine de la "Fleur des Astres", le grand aventurier blond & la dernière héritière du comte Von Nabis se dirigèrent vers le grand palais impérial.
Là, ils peinèrent à trouver le bâtiment où l’on réglait les droits de successions.
Après quelques minutes d’obstinations & de recherches infructueuses, ils finirent quand même par pousser la bonne porte.

Là, la grande salle était déserte.
Personne pour les renseigner & encore moins pour régler leur affaire.
La grande table de l’officier de justice était couverte de documents de toutes sortes laissés en suspens, mais l’homme qui pouvait les aider n’était pas là.

Il faut dire que l’heure était mal choisie.
Qu’importe, ils n’avaient pas l’intention de se battre & il ne servait à rien de courir dans tous les sens.
Ils se résolurent à attendre.

Au bout d’un moment, un homme entra d’un pas pressé & se dirigea vers le bureau.
Il n’avait pas remarqué les voyageurs qui attendaient.
Alors qu’il récupérait ses armes laissées là, la femme du groupe l’interpella.


_ Excusez-moi monsieur, je viens pour régler une affaire de succession.
_ Félicitation madame, ironisa l’homme de loi. La bataille n’a pas encore commencée que vous vous sentez déjà veuve ! On peut dire que vous ne perdez pas de temps, votre mari doit être ravi de vous avoir.
_ C’est une affaire urgente, continua-t-elle sans se laisser démonter & en se plaçant devant lui alors qu’il s’apprêtait à repartir.
_ & demain j’en aurai des milliers comme la votre.
_ Raison de plus pour commencer dès maintenant, fit-elle en lui plaçant son document sous le nez.

A contre-cœur, l’homme se saisit des papiers qu’on lui tendait.
Il les examina rapidement &, une fois arrivé au terme de sa lecture, il déclara en lui rendant les manuscrits :


_ Désolé pour vous, mais ces actes ne valent plus rien.
_ Bien sûr que si ! Je vous assure que ces papiers sont authentiques, il y a même le sceau du comte Von Nabis, là ...
_ Oui, oui, ils sont bien authentiques, vous avez raison. Mais regardez la date.

Soudainement prise de panique, elle examina à son tour le document qu’elle avait en main, laissant repartir l’homme de loi à la guerre.

_ Patati, patata, ... nanani, nanana ... avant le ...

... hier !


FIN

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